La Malédiction du pétrole

Pour qui s’intéresse à la marche du monde, il ou elle aura compris que le moteur des grands faits historiques est l’argent. Jean-Pierre Pécau et Frédéric Blanchard nous annoncent sans surprise que son carburant en est le pétrole, connu depuis l’Antiquité. Les auteurs entament leur démonstration en 1872 à Bakou, où un des frères Nobel, parti acheter du bois pour des crosses de fusils dans les forêts d’Azerbaïdjan, en revient propriétaire d’un puits de pétrole. Férue de sciences, la famille Nobel va s’employer à optimiser le transport de cette matière brute en inventant le pipeline et le steam-tanker, ancêtre des pétroliers. Aux États-Unis, 1859 marque l’année zéro de son l’industrialisation: la date correspond à la découverte du premier gisement américain. Le fils d’un certain Rockefeller, plutôt que d’acheter des concessions d’exploitations pétrolières, trop tributaires des capacités des gisements, acquiert une raffinerie. Laissant les autres s’échiner à creuser des trous, il achète leur production, la transforme et la revend 50 fois le prix. En ce début du XXe siècle, outre à s’éclairer, le pétrole sert à se chauffer, à faire tourner des machines, les lubrifier, les entretenir… Et on n’a pas encore parlé de l’automobile prête à conquérir le monde. En bref, le roi du monde, c’est le roi du pétrole. Pécau et Blanchard, que l’on n’attendait pas dans ce registre, passent en revue avec maestria toutes les grandes guerres, les grandes crises et autres alliances mondiales du siècle dernier au travers du prisme de cette pâte gluante et nauséabonde. Servi par un dessin impeccable -noir de circonstance- et un sens de la formule aiguisé, le récit qu’en font les auteurs nous démontre, étape par étape, la manière insidieuse par laquelle l’or noir s’est rendu indispensable.

La Malédiction du pétrole

De Jean-Pierre Pécau et Frédéric Blanchard, éditions Delcourt, 112 pages.

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