La lune vient d’Asie

Prenez un narrateur irascible et imaginatif en diable, auteur d’aphorismes à ses heures. Placez-le dans un endroit clos qu’il prend pour un hôtel prestigieux, à l’abri de la guerre des Boers. Mettez à son contact des figures étonnantes telles le neveu de Napoléon, un inventeur de bilboquets humains, ou le Dr Keither, soi-disant prix Nobel de chimie 1952. Maintenez-les plus ou moins placides grâce à ce qu’ils prennent pour du personnel peu compréhensif, venu leur administrer un sérum de jeunesse à heure fixe. Agitez ces éléments et pointez du doigt la grande échappée possible au-delà des murs. Mais en sort-on jamais? D’une drôlerie féroce et d’un désespoir patent, La lune vient d’Asie, publié au Brésil en 1965 par un Walter Campos de Carvalho découvert en France dans les années 70 mais restant depuis fort méconnu, est une sarabande fatale parmi les morts (et tous ceux que le héros considère comme plus si vivants). Tout occupé qu’il est à philosopher sans bornes au pied d’un cyprès, piquer sa montre à un pendu (quand il aurait préféré une boussole), copuler avec une femme à l’haleine de guerre bactériologique, il expose crûment son inadéquation à un monde encore plus absurde que lui. On remerciera encore l’Arbre Vengeur de nous proposer des auteurs si singuliers.

De Walter Campos de Carvalho, éditions de l’Arbre Vengeur, traduit du brésilien par Alice Gaillard, 246 pages.

8

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content