LEWIS TRONDHEIM ET JOANN SFAR BOUCLENT LEUR GRAND OEUVRE D’HEROÏC FANTASY DÉCALÉE: DONJON AURA RÉUNI QUINZE ANS DURANT UNE PURE DREAM TEAM, COMPLÉTÉE PAR ALFRED ET MAZAN.

Donjon, c’est fini, et bien fini, comme l’annonce le dernier album de cette série hors norme et culte pour beaucoup: La Fin du Donjon sera le 34e et dernier album, dessiné par Mazan. Au même moment sort l’antépénultième, dessiné lui par Alfred. Deux albums d’un coup, après cinq ans d’absence, pour un final qui se devait d’être à la mesure de l’aventure éditoriale menée par Sfar et Trondheim: largement démesurée, décalée, drôle, tragique, un peu foutraque, mais au final profonde, parfaitement dans l’esprit du genre, et surtout menée pendant quinze ans par ce que la bande dessinée française et contemporaine a, vraiment, fait de mieux. Derrière Sfar et Trondheim, on y a vu quatre albums de Blain et de Larcenet, Boulet et Mazan par deux fois, mais aussi Blutch, Bézian, Stanislas, Killoffer, Andréas ou Carlos Nine pour des one shots mémorables. Un casting de rêve, presque de fou si tous les projets avaient pu se concrétiser (voir par ailleurs), et une série qui aura bougé les lignes dans l’éditorial franco-belge, avec ses auteurs multiples, ses sorties à la chaîne, ses ramifications et son ton décalé, mêlant degrés d’humour et niveaux de lecture. Le tout marqué par un réel succès public et une horde de fans.

« A la base, ce devait juste être une série simple, très linéaire, avec un personnage qui, sur un quiproquo, se fait passer pour un barbare, résume Trondheim, de passage à Bruxelles avec Alfred et Mazan. Ensuite, c’est Joann, frustré de ne pas dessiner, qui a voulu qu’on écrive une série qui se passait dans le futur. Monsters, c’était à la base un projet de série animée, qui ne s’est pas faite… Tout s’est enchaîné comme ça, une construction naturelle, sans marche forcée. On avait dit qu’on allait en faire 300, mais il y a déjà eu cinq ans d’interruption avant ces deux derniers albums. Ce n’est pas pour rien. Avec Joann, on a toujours travaillé sur le plaisir et l’envie, mais il est très pris, moi aussi. Alors autant bien boucler les choses, sans laisser personne en plan, ni les lecteurs, ni les personnages.« Alfred, lui, fan de la première heure, confirme le plaisir qu’il a eu à rejoindre cette belle bande: « Ce n’est pas vraiment un exercice de style. Mais l’impression de pouvoir enfiler des costumes d’une immense pièce de théâtre, dont je connais bien les personnages, et avec lesquels j’ai envie de jouer des scènes. Je ne connais pas beaucoup de séries aussi riches, et nourrissantes. »

DONJON CRÉPUSCULE (110) – HAUT SEPTENTRION, DE LEWIS TRONDHEIM, JOANN SFAR ET ALFRED, ÉDITIONS DELCOURT, 48 PAGES.

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DONJON CRÉPUSCULE (111) – LA FIN DU DONJON, DE LEWIS TRONDHEIM, JOANN SFAR ET MAZAN, ÉDITIONS DELCOURT, 48 PAGES.

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TEXTE Olivier Van Vaerenbergh

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