La Dévoration des fées

Dans une famille sans un sous qui vaille, à « Sainte-Amère-de-Laurentie » la bien nommée, « Grand-maman » prophétise d’un juron l’arrivée de la « p’tite », tout juste née:  » Fuck, c’est une fille. » L’aïeule,  » désormais toujours vieille de bouche et d’alentour » qui vient de voir mourir sa fille Blanche en couches, en a gros sur le coeur et le corps de cet arbre généalogique où les mâles finissent tous par mourir et où les femmes endossent tout le sale boulot. Si par tradition, elle entend faire rentrer la gamine dans le rang, cette dernière fera des pieds, des mains et des mots pour résister à l’ordre établi. En prenant une tangente vitale dans la ville électrique, la « p’tite », héroïne irrévérencieuse, rouvre le champ des possibles dans une sorte de rite de passage sans retour à la tradition aliénante… Premier roman, La Dévoration des fées est un hommage affiché aux autrices québécoises (de Josée Yvon à Denise Boucher, en passant par Geneviève Desrosiers) autant qu’un manifeste d’ empowerment des femmes de tout âge. Férocement sauvageon, mal peigné, grattant sur la cornée, voilà un récit initiatique qui offre une expérience de lecture hors-cadre et affiche un appétit de vie féroce. À la manière de sa tempétueuse protagoniste,  » chasseresse à fronde d’or« , Catherine Lalonde (par ailleurs journaliste et poétesse) braconne les genres littéraires et la peau de la langue, dans une parade cadencée et libératrice qui évoque par la bande Les Pieds Nickelés ou l’Eugène Savitzkaya des Morts sentent bon.  » Où est la faille qui fait l’adulte fin de la joie? » Résolument pas dans ce texte!

De Catherine Lalonde, éditions Le Quartanier, 144 pages.

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