La Capture

Panne d’inspiration, crise existentielle, tourments d’une vie amoureuse et sexuelle houleuse: Luke O’Brien est à l’arrêt. Spécialiste de Joyce auquel il rêve de consacrer un livre, ce professeur quitte Dublin pour une demeure campagnarde sise sur les terres familiales, au bord de la rivière Sullane. Un coup de foudre pour une voisine, Ruth, vient irriguer son existence… Jusqu’à ce qu’un secret de famille, vieux de 50 ans, le plonge dans un profond désarroi. Dans un premier temps, avec une lenteur consommée, l’Irlandaise Mary Costello ( Academy Street) égrène les croquis de campagne, brasse les souvenirs dont elle laisse s’écouler les sucs. Et le lecteur de se laisser porter par l’oisiveté de cet homme nostalgique d’un avenir révolu. Mais Costello, pour son second roman, cache drôlement bien son jeu… En géologie, la capture désigne la greffe d’un cours d’eau sur un autre, qu’il s’approprie. Or, dans une seconde partie étourdissante, le livre plonge dans le flux de pensées d’un homme porté au paroxysme de son monologue intérieur. Dès lors, dans un mouvement de grande ampleur, l’autrice va puiser au plus profond du labyrinthe hasardeux des transports de l’âme. Sur le développement d’une orientation sexuelle non-binaire, sur le déclin de l’amour-propre quand surgit le démon de midi, sur la tectonique de l’esprit humain, le livre se mue en un torrent tumultueux pour faire l’expérience du continuum espace-temps. Rien que ça! Penché sur le garde-corps, le lecteur abasourdi y contemple son reflet.

De Mary Costello, éditions du Seuil, traduit de l’anglais (Irlande) par Madeleine Nasalik, 272 pages.

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