La Bouche pleine de terre

Dans les montagnes monténégrines, un homme, désormais rattaché à sa vie par un filin ténu, descend du train avant l’arrêt prévu et s’enfonce dans l’obscurité. À proximité, deux chasseurs qui s’octroient une parenthèse estivale le remarquent et, le voyant fuir, se décident à le rattraper pour lui indiquer qu’il n’a rien à craindre d’eux. Mais dans cette course folle aux intentions nobles puis de plus en plus troubles, chacun peut-il s’en sortir indemne? L’idée très cohérente des éditions Tusitala est d’adjoindre à cette langue nouvelle (ou « novella ») puissamment sous tension un second texte qui lui répond en décalant le ton. Dans La mort de M. Golouja, s’il est également question d’un renoncement à la vie, et si l’absurde et l’incompréhension règnent aussi en maître, le protagoniste se gausse de ses propres auspices, croque la pomme (de jouvence et de discorde) et attend de voir venir: à quoi bon mourir, si tout, en fin de compte, se met à vous sourire? Entre jeux de dupes et chasse à courre létale à ricochets, Branimir Scepanovic?(auteur serbe dans la mire littéraire depuis 1961) fait sonner l’heure du glas comme personne. Frissonnez, lecteur, et gardez un oeil derrière l’épaule, car qui sait ce qui vous attend?

De Branimir SCEPANOVIC, éditions Tusitala, traduit du serbe par Jean Descat, 136 pages.

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