La Ballade des dangereuses

L’enfer me ment, titre d’un livre de photos sur le milieu carcéral (Husson, 2007), pourrait très bien s’appliquer au récit de l’incarcération de Valérie Zézé, tant il révèle l’inutilité et l’échec de la solution que la société a trouvée pour se débarrasser des sujets qui attentent à la sécurité publique. Mais c’est sans haine et parfois même avec bienveillance que Valérie nous décrit les quelques mois qu’elle va passer à la prison pour femmes de Berkendael, à Forest. Il faut dire que c’est son huitième passage entre ses murs et qu’elle y est connue aussi bien de la plupart des détenues que des gardien(ne)s. Elle ne doit donc plus gagner sa place; madame Zézé est considérée comme une caïd. Son témoignage se concentre ici sur la vie au jour le jour et sur les difficultés que représente la privation de liberté au quotidien. En revanche, la prévenue doit faire face à un problème supplémentaire lié à son addiction à la cocaïne. Le vol répété et le recel d’objets de luxe lui permettant de payer ses paxons l’ont conduite là où elle se trouve. Le sevrage forcé et les crises qui en découlent la mènent plusieurs fois à l’isolement, mais elle réussit à tenir le coup grâce à l’amour et aux visites régulières de son fils. Les soeurs Hermans, qui ont rencontré Valérie Zézé et ont adapté son récit, nous livrent une vision loin des clichés véhiculés par certaines séries américaines. Berkendael n’est pas Guantanamo, mais le lieu n’en est pas moins un placard honteux où croupissent des gens ayant réellement besoin d’aide. Si la prisonnière se sèvre en prison, elle n’en est pas guérie pour autant, ce qui l’a jusqu’à présent poussée à la récidive. Un témoignage touchant non dénué d’humour qui devrait être distribué chez tous les acteurs de la justice.

La Ballade des dangereuses

De Delphine et Anaële Hermans, Éditions La Boîte à Bulles, 128 pages.

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