L’oeuvre au noir

Les bois gravés de Frans Masereel ont beau avoir près d’un siècle, ils n’ont jamais paru aussi modernes. La preuve avec La Ville, réédité aujourd’hui tel un roman graphique.

On a du mal à le croire quand on se plonge dans La Ville, un « roman sans paroles » constitué de 100 illustrations noir et blanc narrant 24 heures de la vie d’une ville: son auteur, le graveur belge Frans Masereel, aurait eu 130 ans cette année, et l’oeuvre elle-même approche du siècle. C’est en effet en 1925 que paraissait, en France et en Allemagne, La Ville en 500 exemplaires. Beaucoup, de son ami Stefan Zweig à Charles Berberian qui signe la préface de cette réédition, la considèrent comme son chef-d’oeuvre, tant par la qualité de ses gravures et son usage des noirs que par la modernité de son propos et de sa narration, bien avant l’invention même du terme « roman graphique ». Cette plongée dans les entrailles de la vie d’une cité,  » véritable pandémonium de toutes les passions humaines« , dixit Zweig, Frans Masereel l’avait en réalité entamée huit ans plus tôt, dès 1917, en réalisant des dizaines d’images et d’ébauches dont la plupart ont aujourd’hui disparu. Dix d’entre elles, inconnues jusqu’à ce jour et exhumées dans les fonds d’une collection privée, viennent enrichir cette réédition particulièrement soignée des éditions Martin de Halleux. Basée à Paris, la maison se consacre pour grande part à faire redécouvrir, comme d’autres, l’artiste belge: elle a en effet déjà édité une imposante monographie ( Frans Masereel, l’empreinte du monde) et réédité un de ses standards, Idée, réalisé en 1920. Autant de poèmes en images d’une incroyable modernité.

L'oeuvre au noir

La Ville, de Frans Masereel, éditions Martin de Halleux, 128 pages.

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