L’Obscur

Dans une Europe reliée de façon quasiment ombilicale au Global Screen et aux socials, où la standardisation émotionnelle est de mise, un narrateur, probablement autiste, est profondément désabusé. Conscient qu’il s’est lui aussi laissé confiner dans le confort, il ne trouve la sérénité qu’à proximité du lac. À plus grande échelle, toute la démocratox crie la disparité sociale: si certains se sont retirés du système dans des communautés autogérées (proches des ZAD), d’autres happy few ont assis leurs privilèges dans des gated communes gardées par des milices privées dans des pays en voie de développement. Les mégalopoles sont devenues des poudrières, et des coupures d’électricité massives sont sur le point de faire basculer chacun dans des comportements erratiques ou violents. « Requalifié » (un euphémisme pour licencié), pris dans la tourmente, le narrateur n’a d’autre choix que trouver des tactiques de survie. Férocement noir, avec une tentative amoureuse timide et entravée pour seule trouée d’air, L’Obscur s’appuie sur une novlangue dans laquelle, hélas, chacun pourra reconnaître les dérives managériales et globalisantes actuelles. Comme dans toute dystopie qui creuse où le bât blesse, y surgit cet écho lancinant: et si le pire de l’humain était vraiment à nos portes?

De Philippe Testa, éditions Hélice Helas, 206 pages.

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