L’imitation de Bartleby

« Les grands livres-sur-rien, les écrivains -même les meilleurs, même les gros moustachus qui gueulent- ne parviennent jamais tout à fait à les écrire. C’est pourquoi ils vont chercher, dans les journaux ou sur un vitrail, une histoire qui leur permettra de donner le change (…) » Étudiant en théologie, le narrateur découvre le documentaire Dignitas, la mort sur ordonnance, où Michèle Causse, théoricienne féministe et traductrice, a choisi de dénaître en mourant par suicide assisté le jour de son anniversaire. Se pourrait-il qu’existe un lien entre sa mort et celle du personnage de Bartleby le scribe qu’elle a traduit en français? Filant la secrète correspondance entre le féminisme radical de Causse et le personnage de Melville qui ne veut pas faire ce qu’on lui demande, disant « qu’il aimerait mieux pas », Julien Battesti se retrouve à son tour commis aux écritures. Ciselé, ce premier roman obsessionnel délivre la grâce d’une moisson d’intuitions sur l’écriture, le sens à donner au combat d’une vie et « toutes les choses qui savent durer dans l’état naissant, comme les rafales de vent ou les phrases d’un beau livre. »« Nous sommes les livres que nous avons lus », écrivait Michèle Causse. Cet abrégé d’abandon carillonne d’un son profond; lorsqu’il se termine, on « aimerait mieux pas ».

De Julien Battesti, éditions L’Infini/Gallimard, 128 pages.

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