L’île noire

© Chris Strong / Installation view, Theaster Gates: Amalgam, Palais de Tokyo. Courtesy Gagosian.

Le 20 février 2019, un public parisien médusé découvrait le travail de Theaster Gates (Chicago, 1973). L’homme est à la fois musicien, avec son groupe The Black Monks of Mississippi, et plasticien travaillé par les questions sociales qu’il aborde par le biais d’installations et de performances. Montrée au Palais de Tokyo, Amalgam, une oeuvre immersive et plurielle mêlant sculpture, céramique, vidéo et danse, n’a pas manqué de faire couler de l’encre. L’ensemble se découvrait comme un musée d’anthropologie d’un genre particulier. Celui-ci donnait à voir la mémoire reconstituée de Malaga, une petite île bien réelle de l’État du Maine ravagée en 1912 par une extinction préméditée. En cause, la décision du gouverneur de l’époque de dissoudre une communauté pauvre de 45 personnes caractérisée par sa mixité interraciale. Au bout du processus, les individus en question furent réduits à néant, entre exil et folie. Depuis, cette terre désolée et désolante est restée inhabitée: la nature a repris ses droits. Pensée en quatre parties, cette exposition emblématique de l’approche de Gates dit un artiste soucieux d’aborder  » les histoires sociales des migrations et des relations interraciales en utilisant un épisode précis de l’Histoire américaine » afin de relire la question plus vaste de l’asservissement des Noirs. Le tout à la faveur d’un récit ouvert, multiple et situé.

www.theastergates.com

Chaque semaine durant l’été, Gros plan sur un artiste essentiel de la scène plastique afro-américaine.

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