L’Idiote

© Basso Cannarsa/Opale/Leemage/Belga

En 1995, Selin, étudiante américaine d’origine turque, vient d’entrer à Harvard. Candide du haut de ses 18 ans à peine et plus à l’aise avec la littérature ( » J’aime vraiment les mots (…) Avec eux, je ne m’ennuie jamais« ) qu’avec la vraie vie, elle devra cohabiter avec Hannah et Angela, hériter d’un poster d’Einstein, comprendre comment fonctionne Internet et faire son chemin à travers les enseignements proposés, parfois plus retors que sur papier. Au cours de russe pour grands débutants, elle fait la connaissance de Svetlana, Yougoslave pétillante qui la sortira de sa coquille, et surtout d’Ivan, aspirant mathématicien hongrois. Avec ce dernier, elle débute une énigmatique correspondance par e-mail, aussi intime que déstabilisante. L’attachement ultracontrarié qu’elle contracte pour le jeune homme -pas le dernier pour faire valser toute certitude et avec qui toute conversation ouvre des abîmes- la mènera même un été jusqu’au fin fond de villages hongrois pour enseigner l’anglais. Inspiré du vécu universitaire de l’autrice (déjà porteuse d’un vrai mélange d’érudition et de drôlerie dans Les Possédés), L’Idiote (au titre à nouveau emprunté à Dostoïevski) est certes un roman de campus et d’apprentissage, mais de ceux qui font résonner au centuple votre fibre mélancolique ou votre goût de l’étrange. On y croise des contes triviaux d’une minute en hongrois, des ours qui portent un nom interdit, et la langue y est à la fois un refuge rassurant contre l’anxiété que génère le monde et une pique fichée dans votre coeur. On peut s’y lover de longues heures, entre rire et spleen.

L'Idiote

ROMAN D’Elif Batuman, éditions de l’Olivier, traduit de l’anglais (États-Unis) par Manuel Berri, 528 pages.

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