L’espoir, malgré tout

Après avoir traversé les turbulences de la pandémie, et connu la dépression, l’Anglaise Nao veut croire en des jours meilleurs…

Il ne faut pas chercher très loin pour comprendre de quoi parle Nao. Dès les premières secondes de son nouveau disque, troisième album soul foisonnant, elle chante:  » Change came like a hurricane/2020 hit us differently« . Comme tout le monde, l’Anglaise s’est retrouvée du jour au lendemain confinée, comme saisie par le moment.  » How to float when there’s no control?« , s’est-elle alors demandé. Comment investir ce ralentissement général, et faire de cette bulle imposée quelque chose de malgré tout positif? Plus loin, elle donne des indices:  » Here’s a moment just to think about/ Think aboutall that is you« . À l’écouter, Nao aurait donc profité de ce lockdown pour se poser, et se retrouver. On repense aux panneaux des manifestants espagnols, lors du premier confinement, dénonçant la  » romantisation de la quarantaine » , vue comme un  » privilège de classe » . L’expérience qu’a pu en faire Nao n’a pourtant rien eu d’un long fleuve tranquille, marquée notamment par la naissance de son premier enfant, mais aussi la dépression…

Avec son disque précédent, la chanteuse londonienne avait passé un nouveau cap. Sorti en 2018, deux ans après le premier For All We Know, Saturn lui offrira notamment une nomination pour le Mercury Prize anglais et une autre pour les Grammy Awards américains, dans la catégorie Best Urban Contemporary Album. Ce succès lui permettra de se lancer dans une grande tournée, aussi exaltante qu’épuisante: elle en ressortira complètement rincée, vidée psychologiquement, incapable de pondre le moindre nouveau morceau.

L'espoir, malgré tout

C’est en cela que le confinement arrivera à point nommé, pour calmer la machine. Contrainte et forcée de se poser, Neo Jessica Joshua de son vrai nom va pouvoir recharger ses batteries. Avec, à l’arrivée, un album qui étend encore un peu plus son registre soul. Sur un titre comme Antidote, par exemple, elle lorgne même l’afrobeat avec le Nigérian Adekunle Gold, dans une ode à leurs filles, toutes les deux nées pendant la pandémie. Juste derrière, le morceau Burn Out évoque, lui, l’épuisement mental – » Turning into someone I don’t know/Maybe I should slow down » . Musicalement, Nao s’éloigne des sonorités électroniques qui ont accompagné ses débuts pour une palette plus organique -là où elle citait l’influence d’une Solange pour Saturn, elle explique aujourd’hui avoir beaucoup écouté le Blonde de Frank Ocean. Cela donne des petites pépites soul-jazzy, comme Woman avec Lianne La Havas, des ballades r’n’b soyeuses, telle Postcards avec Serpentwithfeet, ou encore une confession aux airs de gospel sur Amazing Grace. À la fin du morceau Little Giants, Nao explique encore:  » Even when winter revolves around us, summer is not dead/It hasn’t been defeated, the change isn’t the end » . Une manière de résumer un disque dont l’autrice ne cache pas les défaites, ni les désillusions, mais n’en garde pas moins confiance en l’avenir, toujours tournée vers le soleil, à l’instar du tournesol qu’elle tient sur la pochette. On appelle ça l’espoir.

Nao

« And Then Life Was Beautiful »

Distribué par Sony.

7

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