L’épopée des Mercury 7

© National Geographic/Gene Page

Quarante ans après sa publication, The Right Stuff fait l’objet d’une mini-série revisitant la course à l’espace ayant opposé Américains et Soviétiques.

Publié en 1979, The Right Stuff, de Tom Wolfe, devait faire l’objet, quatre ans plus tard, d’une magistrale transposition au cinéma par Philip Kaufman, lequel envisageait avec le film du même nom ( L’Étoffe des héros en VF) la conquête spatiale comme une fresque épique et intimiste, brossant le portrait de l’Amérique de l’époque. Une franche réussite, récompensée par quatre Oscars, et un film qui continue à faire autorité -jusqu’au récent First Man, de Damien Chazelle, qui ne manquait pas d’y faire écho. Quelque 40 ans plus tard, l’histoire repasse les plats, sous la forme d’une mini-série portant le label National Geographic, dont la création a été confiée à Mark Lafferty. Signe d’un héritage assumé, le générique du premier épisode mentionne aussi bien l’ouvrage fondateur de Wolfe que le scénario de Kaufman, invitant bien sûr à la comparaison -nulle trace, par exemple, de Chuck Yeager, le premier homme à avoir franchi le mur du son, mémorablement campé par Sam Shepard.

L'épopée des Mercury 7

S’ouvrant à la fin des années 50, The Right Stuff s’inscrit dans le cadre de la course à l’espace ayant opposé Américains et Soviétiques dans le contexte de la guerre froide. Et s’intéresse plus particulièrement au programme spatial Mercury, au nom duquel la Nasa allait recruter sept pilotes d’essais appelés à devenir astronautes, tous mus par l’ambition de devenir le premier Américain envoyé dans l’espace. C’est d’ailleurs la rivalité entre les candidats qui est au coeur de l’épisode initial, Sierra Hotel, qui, retraçant le processus de sélection, se cristallise autour de l’opposition de styles entre John Glenn (Patrick J. Adams), sérieux et rivé sur son objectif, et Alan Shepard (Jake McDorman), tête brûlée doublée d’un jouisseur, les autres, à l’exception de Gordon Cooper (Colin O’Donoghue), peinant à sortir de l’ombre. En filigrane, c’est aussi un portrait de l’époque, de ses stéréotypes, machistes notamment, et de son hypocrisie qui s’esquisse, voulant par exemple que les heureux élus évoluent dans un environnement familial stable (maquillant au besoin la réalité). Goodies, le second épisode, creuse d’ailleurs plus avant ce sillon « intime », voyant les astronautes-stars et leur entourage tenter de composer avec une exposition médiatique nouvelle -manière aussi, incidemment, de féminiser quelque peu le récit.

À ce contexte socio-historique passionnant, The Right Stuff ajoute la qualité de la reconstitution, s’appuyant sur une palette vintage d’un fort bel effet, et une distribution solide, à quoi Lafferty a veillé à adjoindre une touche d’humour occasionnelle. Pour autant, la série, sans conteste plaisante, échoue à convaincre totalement, manquant quelque peu de souffle et de rythme; cette folie encore qui faisait aussi l’étoffe des héros…

The Right Stuff

Créée par Mark Lafferty. Avec Patrick J. Adams, Jake McDorman, Colin O’Donoghue. Huit épisodes. Disponible sur Disney +.

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