LE RÉALISATEUR DE LÀ-HAUT RENOUE AVEC LA GRANDE TRADITION PIXAR POUR UN PUR BIJOU S’INVITANT DANS L’ESPRIT D’UNE FILLETTE AFIN DE DONNER VIE À SES ÉMOTIONS.

Inside Out

DE PETE DOCTER ET RONNIE DEL CARMEN. AVEC LES VOIX (VF) DE MÉLANIE LAURENT, CHARLOTTE LE BON, PIERRE NINEY. 1 H 34. SORTIE: 24/06.

9

De Cars 2 en Monsters University, sequels guère inspirés pour le moins, on en était venu à craindre pour le label Pixar, victime collatérale, selon toute apparence, du rapprochement avec Disney. Fausse alerte, toutefois: non content d’avoir eu les honneurs de la sélection officielle à Cannes, Inside Out (Vice-Versa pour sa version française) vient fort opportunément remettre les pendules à l’heure, s’imposant comme la meilleure production sortie du studio fondé par John Lasseter depuis Up, en 2009. Comme ce dernier, et ce n’est évidemment pas un hasard, le film porte la griffe de Pete Docter, réalisateur génial à qui l’on devait déjà Monsters, Inc, lequel a reçu, pour le coup, l’assistance de Ronnie Del Carmen, artiste-maison depuis Ratatouille. Le duo s’est surpassé, pour signer un long métrage renouant avec la grande tradition Pixar, un régal combinant intelligence du scénario et animation aventureuse –« To infinity and beyond », comme dirait Buzz l’Eclair-, au service d’une large palette d’émotions.

En direct du Quartier Cérébral

S’appuyant sur un concept audacieux, le film s’invite dans l’esprit de Riley qui, à onze ans, vit non sans mal le déménagement de sa famille à San Francisco, bien loin du cadre rassurant dans lequel elle avait grandi. C’est là que vont entrer en scène les cinq Emotions fondamentales présidant, depuis le Quartier Cérébral, à l’existence de la fillette, au prix d’une cohabitation souvent mouvementée. Entre Joie, l’éternelle optimiste veillant à son bonheur, Dégoût et ses idées bien arrêtées, Peur et sa tendance paranoïaque, Colère et ses nerfs en pelote, sans parler des angoisses existentielles de Tristesse, il y a là une gamme de sentiments variés sinon contradictoires, mais complémentaires. Qu’il leur faudra accorder autant que faire se peut pour accompagner Riley dans cette phase de transition délicate…

D’une idée séduisante, Docter et Del Carmen ont tiré un film magique. Le design de Inside Out est, à lui seul, tout un poème, qui fait des rouages du cerveau quelque mécanique limpide et savante à la fois, où les souvenirs sont archivés sous la forme de billes colorées, tandis que ces cinq personnages à croquer s’affairent à infléchir les humeurs de Riley. Ouvrant sur un imaginaire foisonnant, il y a là un potentiel infini de gags et d’aventures; lesquelles prennent, pour le coup, un tour aussi irrésistible que trépidant, le scénario multipliant les rebondissements, en jouant au passage avec brio de la mise en abîme comme des citations. Et le film d’achever de ravir qui, témoignant d’une inventivité toujours renouvelée, réussit à traduire lumineusement le tumulte de la (pré-)adolescence avec son vertige d’interrogations, dimension humaine faisant aussi le prix de cette drôle d’aventure intérieure.

JEAN-FRANÇOIS PLUIJGERS

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