L’Attente. Une famille coréenne brisée par la partition du pays

Depuis sa première bande dessinée parue alors qu’elle avait 40 ans passés, Keum Suk Gendry-Kim se fait la rapporteuse des traumatismes qu’a traversés la Corée au siècle dernier. Après l’exode rural dans les années 70 ( Le Chant de mon père, Sarbacane 2012), le destin tragique d’une esclave sexuelle de l’armée japonaise (Les Mauvaises herbes, Delcourt 2018) et une histoire d’amour platonique sur fond de guerre ( L’Arbre nu, Les Arènes 2020), la voilà qui s’attaque, comme le sous-titre l’indique explicitement, à la séparation des familles durant le conflit opposant le nord et le sud de la presqu’île asiatique. Cette histoire est une fiction mais reste cependant très fortement inspirée de la vie de sa mère, séparée de sa soeur. L’autrice s’est également basée sur le témoignage de deux personnes qui ont bénéficié d’un programme de réunion des familles. Le personnage de L’Attente a perdu dans la foule des exilés son mari et son fils aîné pendant le grand exode qui a poussé une partie de la population du nord à fuir les combats vers le sud du pays. Encore traumatisée par cet événement sept décennies plus tard, et malgré un nouveau mariage, la mère de la narratrice supplie cette dernière de l’inscrire au tirage au sort pour le fameux programme de réunion des familles… La fille n’ayant pas vécu le terrible événement repousse toujours à plus tard son engagement. Keum Suk Gendry-Kim mêle subtilement chronique de la vie quotidienne contemporaine et souvenirs d’enfance. Elle dévoile au lecteur par petites touches la grande Histoire du pays au travers de gens simples et réussit à éviter le pathos dans lequel tombe trop souvent une certaine bande dessinée extrême-orientale.

L'Attente. Une famille coréenne brisée par la partition du pays

De Keum Suk Gendry-Kim, éditions Futuropolis, 248 pages.

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