Fabuleux touche-à-tout, Devendra Banhart est depuis longtemps un féru d’arts plastiques qu’il a d’ailleurs étudiés au San Francisco Art Institute. S’il y fut rapidement déçu par les contraintes que lui imposait l’art académique, Banhart a tracé son chemin. Dessiné ses pochettes. Exposé ses oeuvres et, l’an dernier, sorti un bouquin retraçant son parcours de peintre et de dessinateur: I Left My Noodle on Ramen Street Drawings and Paintings. « Ce fut un peu comme enregistrer un album. Ça m’a demandé énormément d’effort. Ce livre est le condensé de dix ans de travail artistique et a surtout nécessité un boulot d’édition. J’ai tout mis par ordre chronologique et j’ai écarté 90 % de ma production. Il contient aussi des photos que je ne désirais pas vraiment inclure mais la maison d’édition voulait un truc plus intime. Je comprends. Donc, j’ai fait quelques compromis. »

Le dessin et la chanson sont bien compartimentés dans la vie quotidienne du troubadour né à Houston et aujourd’hui installé à Los Angeles. « J’ai tendance à diviser mon année en deux. Pendant la moitié du temps, c’est la musique (enregistrements et tournées) et pendant l’autre, c’est la peinture. Je ne peux pas mélanger. C’est trop pour moi. Je n’arrive plus à me concentrer. Je n’écris ni ne dessine pour exprimer ma douleur. J’ai des chansons tristes où je chante que je suis malheureux. Mais je n’écris pas pour exprimer mes sentiments. Bien sûr, c’est ce que je fais. Mais je n’utilise pas l’art comme une catharsis. Genre: je dois faire sortir tout ça. Non. Ça ne se passe pas comme ça chez moi. C’est plutôt une discipline. Une pratique. Si je devais me reposer sur mon inspiration, je ne ferais rien. C’est mon école. Je pense que je n’ai jamais été inspiré. Je ne sais même pas ce que c’est. La chanson est une forme d’architecture et écrire est comme construire un building. Même si je le fais pour le plaisir. »

Dans l’introduction du livre d’art, Antony Hegarty parle des débuts de Banhart: « Il était si jeune et il n’avait pas une attitude de propriétaire avec son travail. Il en faisait cadeau comme on propose quelques olives ». « Je ne gagne pas beaucoup de fric, concède-t-il. Mais j’ai énormément de chance que mon boulot me permette la pratique de l’art. Bien sûr, c’est mon taf. Mais je veux dire par là que je gagne juste assez pour continuer à faire ce que je fais. J’en parlais récemment avec Rodrigo Amarante. On est les personnes les plus heureuses sur Terre. On vit où on veut vivre. On fait le boulot qu’on veut faire entouré de gens qu’on aime. » Peace, love et Devendra…

J.B.

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