L’Américain

L’Américain est le nom d’une série télé cornichon à souhait qui rassemble tous les poncifs racistes, suprémacistes et machistes, comme pouvait nous en pondre le pays de l’Oncle Sam dans les années 70. Francis en est dingue. Il passe son temps au bistrot avec ses potes à déblatérer sur les épisodes de la veille, pendant que sa nouvelle copine infirmière se tue au boulot. Mais voilà que la fiction se met curieusement à envahir la réalité… L’Américain est un curieux objet. Loïc Guyon, son auteur, joue habilement du graphisme pour bien séparer les deux niveaux de lecture. Il utilise la couleur et un traitement « dessin animé » façon Looney Tunes pour la série. Il y invoque, dans un énorme bordel halluciné, tous les ennemis que compte l’Amérique, des Arabes aux communistes en passant par les nazis et les Sioux. La réalité, quant à elle en noir et blanc, est relativement plus sobre. Mais ce n’est qu’une apparence car se joue ici un autre combat: celui de l’engagement et du travail. En filigrane sont abordés pêle-mêle les collègues envahissants, l’entrée dans la vie active et la fuite dans la boisson. Sur fond de crise de couple et d’angoisse de la page blanche, l’auteur mène tambour battant son histoire vers un final en eau de boudin, qui n’est pourtant pas dénué d’une certaine habileté scénaristique, sous forme de vortex spatio-temporel.

De Loïc Guyon, éditions Sarbacane, 240 pages.

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