L’affaire Furtif

« Une nuit de novembre, le Furtif prit le large. » En cavale, le voilier gagne un groupe d’îlots volcaniques de l’Atlantique sud, où six équipiers auraient mis pied à terre. Botaniste, anarchitecte, artistes: les fugitifs mettent les voiles en quête d’un nouveau départ. En marge du monde, dix années passèrent… Lorsqu’un après-midi, sur les côtes namibiennes, surgit une découverte inhabituelle, un objet non identifié… On n’en dira pas plus de cette novella consacrée au grand large des utopies, parue en 2010 chez Burozoïque et que L’Arbalète réédite. Le réel s’y confronte aux fantasmes, à l’envie impérieuse de croire. À deux ou trois ombres de rochers, à un souvenir d’horizon, l’écriture enregistre le passage des jours, jardin zen de pure sensation, caresse l’épure du haïku. Mais ce n’est pas tout! Profitant du cocon du livre, propice aux révélations, Prudhomme se joue des focales, interroge la dichotomie entre rallier et railler: la glose des thuriféraires de la geste critique, l’obsession du spectaculaire, les amnésies de l’époque. « On peut rester à jamais, dans le souvenir des marins, disparu. » Seule certitude: au coeur des eaux internationales de la littérature, en pleins préparatifs de son voyage d’écrivain au souffle singulier (le remarquable Légende en 2016), Sylvain Prudhomme filait déjà droit. « Un vent d’enthousiasme se leva. »

de Sylvain Prudhomme, ÉDITIONS L’Arbalète/Gallimard, 128 pages.

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