Kyoto Song

à Kyoto Song, on associait une troublante chanson de The Cure, parue en 1985 sur l’album The Head on the Door. Il faut désormais y ajouter ce récit de Colette Fellous, « un voyage qui contiendrait tous les voyages: un désir, une brûlure, un élan souverain, une quête, une danse »; physique autant qu’intérieur donc, et qui ferait rimer la montagne de l’Est, le jardin Hakusasonso et les berges de la Kamo avec les méandres de la mémoire. Ce voyage à la rencontre d’un « nouveau pays natal », l’autrice l’entreprend avec sa fille, Lisa, pour Elyssa, dix ans. C’est cette dernière qui a choisi la destination, mue par son  » envie d’être encore une enfant pour voir le Japon ». Si le périple est ludique, qui adopte un abécédaire arbitraire et imagé pour guide, s’esquisse aussi, au fil des pages, parsemées d’haïkus et de photos, un paysage à la fois réel et fantasmé, horizon sans frontières ouvrant sur Carthage comme Paris, tandis que le temps, lui, se dérobe, images anciennes et impressions présentes se superposant. Et la pensée de vagabonder au hasard des symétries cachées, dévoilant une géométrie secrète, au confluent des souvenirs intimes jusqu’aux plus douloureux, et des émerveillements enfantins. De ce matériau autobiographique, Colette Fellous tire une oeuvre délicate, s’aventurant d’une plume ondoyante et libre dans les plis du temps pour livrer une méditation sereine à l’épreuve de l’oubli et une ode à la transmission. La figure tutélaire de Yasujiro Ozu plane sur ces pages, que le réalisateur de Printemps tardif semble recouvrir de son ombre bienveillante…

De Colette Fellous, éditions Gallimard. 188 pages.

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