Kid noise – Djihadistes de père en fils

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Champion de l’explosion, spécialiste du déminage, Abu Osama habite avec ses huit fils dans la région d’Idlib, au nord de la Syrie. Abu Osama est un djihadiste, combattant salafiste. Un fondateur d’al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaida, qui a rendu hommage avec les prénoms de ses gamins aux responsables du 11 septembre. Au quotidien, quand ils ne sont pas en train de s’étriper ou de fabriquer des bombes avec de l’acide citrique, Oussama (treize ans), Ayman (douze ans) et les autres jouent à la guerre et suivent une formation militaire. Après avoir gagné la confiance du paternel en se présentant comme un sympathisant désireux d’exalter la cause djihadiste, le réalisateur Talal Derki s’est immiscé dans l’intimité de la famille, même si les femmes et les filles sont restées invisibles. Derki avait déjà suivi au jour le jour le conflit détruisant la troisième ville du pays ( Homs, chronique d’une révolte). Il a cette fois, au péril de sa propre vie, cherché à documenter la violence dans les têtes. Flippant, glaçant, nommé aux Oscars et primé à Sundance, Of Fathers and Sons (son titre en anglais) ne laisse pas indemne. Une histoire de paternité et d’endoctrinement à hauteur d’enfant.

C’est assurément le clou de la programmation concoctée par Arte pour célébrer les 30 ans de la Convention internationale des droits de l’enfant. Le 20 novembre 1989, l’Assemblée générale des Nations unies signait à l’unanimité ce traité qui leur reconnaît des libertés et des droits fondamentaux en tenant compte de leur besoin de recevoir une assistance et une protection spécifiques vu leur vulnérabilité. Et force est de constater qu’il y a encore du travail aux quatre coins de la planète. Films ( Slumdog Millionaire, The Kid…), émissions spéciales (Court-Circuit, Arte Junior), documentaires (dont le très beau Enfants du hasard réalisé par Thierry Michel et Pascal Colson)… Pendant une semaine entière, la chaîne franco-allemande va mettre les mineurs à l’honneur. Elle fera découvrir les jockeys de Sumbawa, ces gosses âgés de cinq à douze ans qui participent à de dangereuses courses de chevaux sur une île indonésienne particulièrement pauvre pour venir en aide à leurs parents. Elle suivra Asalif, petit Éthiopien doué, repoussé aux marges de la société ( Anbessa: Lion, lundi, 23h35), décortiquera l’éducation dans la haine de l’autre ( Une enfance à l’extrême droite, mardi, 22h30), et dépeindra le quotidien d’un jeune Ukrainien élevé par sa grand-mère dans un village ravagé par la guerre ( Oleg, une enfance en guerre, mercredi, 23h15).

Documentaire de Talal Derki.

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