Kérosène

reportage D’Alain Bujak et Piero Macola, éditions Futuropolis. 136 pages.

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Qu’importe les opinions politiques, les « gens du voyage » ne laissent généralement pas indifférent. Ils alimentent tous les fantasmes ou toutes les peurs. Alain Bujak est photographe pour les entreprises et les collectivités. Sa bio commente: « Pourses livres et expositions, il aime passer du temps avec les gens; l’écoute et l’investigation étant un préalable immuable pour lui. » N’étant pas familiarisé avec l’univers tzigane, il a donc côtoyé une petite communauté manouche dans le camp du Rond à Mont-de-Marsan en 2010. Ce campement de fortune, qui existe depuis plusieurs années, est situé en périphérie de la ville, à côté d’un aérodrome militaire. Le terrain est insalubre, victime de nuisances sonores et d’une pluie de kérosène qui s’abat sur les habitants à chaque décollage. Les autorités communales, finalement sensibilisées à la situation, décident de construire de véritables logements pour installer décemment les familles. Kérosène décrit ce déménagement et, bien sûr, tous les problèmes qui surgissent… Mais pas seulement. Loin des clichés de saltimbanques voleurs, de mangeurs de hérissons ou de belles mystérieuses aux yeux charbonneux, le lecteur découvre une communauté de ferrailleurs, accueillants pour certains mais, dans l’ensemble, plutôt réservés. Bujak souligne également la mauvaise compréhension de la part des autorités, pourtant pleines de bonne volonté, face aux moeurs du petit groupe de Manouches. Ces derniers envisagent leur relogement avec appréhension car malgré la meilleure situation future, ils devront abandonner une partie des traditions qui constituent leur identité. Mêlant dessin et photographie, Kérosène se pose en digne successeur des reportages initiés il y a quelques années par Emmanuel Guibert et Didier Lefèvre.

C.B.

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