Le chanteur de Bloc Party sort The Boxer, un disque solo dopé à l’électronique. Alors, on danse? Ce 20/08, sur la scène du Pukkelpop.

Sort-on toujours indemne d’une trajectoire à la Bloc Party? Celle qui consiste à passer en quelques années des concerts en clubs à la scène principale d’un festival comme celui de Werchter? En publiant, en 4 ans à peine, 3 albums? Apparemment pas. « L’année dernière a été très étrange pour nous. On a connu pas mal de succès, mais je ne pense pas qu’on ait vraiment apprécié le voyage. Pendant 5 ans, on n’a quasi jamais arrêté. Personne ne nous a forcés. Mais au bout du compte, les relations ont fini par devenir étranges, voire tendues par moments. On avait besoin de prendre du temps, d’essayer de nouvelles choses, respirer un autre air. « 

C’est Kele Okereke qui parle, chanteur/leader emblématique du groupe anglais. Il n’a pas tardé à s’exécuter. Le mois dernier, il sortait ainsi The Boxer, sa première incartade solo. Le genre d’exercice qui donne souvent l’occasion d’une mise à nu. Plus moyen cette fois-ci de se cacher derrière le groupe. « Mais ce n’a jamais été le cas pour moi, je n’ai jamais voulu me dissimuler derrière les autres! C’était même le problème avec Bloc Party. Il n’y avait pas toujours de vision cohérente. Il fallait faire pas mal de compromis pour avancer. « 

Man vs machine

Cette fois-ci, Kele Okereke s’est donc retrouvé seul maître à bord. Il en a profité pour donner libre cours à ses penchants électroniques. L’exemple le plus frappant reste le single Tenderoni, quasi dance. « Mais c’est le seul morceau du genre. Je ne voulais pas faire un disque de club. Je voulais faire un disque pop. Vous pouvez écouter The Boxer à la maison, par exemple. Il y a des sons, des textures électroniques, certains vocaux quasi house, ou des parties drum’n’bass… Mais cela reste des chansons couplet-refrains de 3, 4 minutes.  »

Ce n’est pas faux. Cela n’empêche pas The Boxer de se révéler bancal. Trop souvent, le songwriting d’Okereke a l’air de buter contre le traitement électronique qu’il s’inflige à lui-même. On pourra discuter l’hypothèse, il restera cependant toujours cette question: pourquoi, au moment de pondre un album solo censé dévoiler davantage de lui-même, Okereke s’est-il réfugié derrière les machines? « Je comprends ce que vous voulez dire. Mais j’imagine que c’était ma façon de me rebeller contre l’idée que la seule manière qui soit de faire une musique qui ait du sens, de l’épaisseur, est d’utiliser des guitares. Ce qui reste une attitude dominante quand vous êtes dans un groupe rock. Tout le monde veut utiliser des techniques d’enregistrement « authentiques », entendez tirées des sixties, des seventies, où des logiciels comme Protools n’existaient pas. Ce ne sont pas forcément des conneries, mais cela ne m’intéresse pas. Je ne crois pas qu’une guitare, parce qu’elle est en bois, est forcément plus authentique. Ce qui n’empêche qu’il y en a sur le disque aussi. Mais c’est juste une manière de montrer que pour moi les 2 points de vue sont valides. «  l

Laurent Hoebrechts Kele, The Boxer, Wichita/V2.

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