TEEN APOCALYPSE – FABRICE GOBERT, EDGAR WRIGHT ET GREGG ARAKI PROPOSENT 3 DÉCLINAISONS INSPIRÉES ET ROCK’N’ROLL DU TEEN MOVIE DONT ILS DÉTOURNENT LES CODES.

(1) DE GREGG ARAKI. AVEC THOMAS DEKKER, HALEY BENNETT, JUNO TEMPLE. 1 H 26. DIST: LUMIÈRE

(2) DE FABRICE GOBERT. AVEC JULES PELISSIER, ANA GIRARDOT, ARTHUR MAZET. 1 H 33. DIST: LUMIÈRE

(3) D’ EDGAR WRIGHT. AVEC MICHAEL CERA, MARY ELIZABETH WINSTEAD, ELLEN WONG. 1 H 52. DIST: UNIVERSAL

Qu’il se veuille gentiment potache voire régressif ou qu’il se décline en mode slasher, le teen movie répond à des règles pratiquement immuables, qui en font, en définitive, l’un des genres les plus balisés qui soient. C’est dire si l’on guette avec impatience et curiosité toute tentative d’en détourner les codes ou d’en malmener les clichés -exercice moins évident qu’il n’y paraît, dont l’actualité DVD nous propose toutefois 3 exemples inspirés. Premier long métrage de Fabrice Gobert, Simon Werner a disparu nous emmène en banlieue résidentielle parisienne au début des années 90, dans une petite ville dont le lycée est bientôt mis en émoi par des disparitions à répétition. Sur ce schéma d’une confondante simplicité, Gobert bâtit un polar habile, dont il décline les possibilités en explorant les points de vue successifs de différents protagonistes, tout en composant, au son de Sonic Youth, un hybride curieux, lorgnant vers le teen movie, bien sûr, mais aussi vers le fantastique. S’il y a là un petit parfum d’exercice de style, l’ensemble n’en traduit pas moins une authentique personnalité. Et se voit prolongé d’un intéressant making of, où le réalisateur et sa chef opératrice, Agnès Godard, notamment, reviennent sur divers aspects d’un film de genre réussissant à rendre palpables les incertitudes de l’adolescence.

En pleine adocalypse…

On reste sensiblement à la même époque avec Scott Pilgrim vs the World, d’Edgar Wright ( Hot Fuzz, Shaun of the Dead), l’histoire d’un post-ado quelque peu apathique, Scott, bassiste au sein d’un trio garage-rock, les Sex Bo- bomb, et collectionneur paresseux de petites amies entre lesquelles il peut tergiverser à loisir. De l’instant où Ramona entre dans sa vie, le voilà toutefois animé de nouvelles résolutions, qui le forceront à en découdre avec 7 ex maléfiques de la belle. Adapté des comics de Bryan Lee O’Malley, le film adopte judicieusement une esthétique oscillant entre BD et jeux vidéo à l’ancienne -Scott est incollable sur Pac-Man-, à quoi il ajoute une louche de SF. L’ensemble, servi avec la gamme complète des suppléments classiques (scènes coupées, bêtisier, making of…), procure un plaisir pas même coupable, la fraîcheur allumée et rock’n’roll de Scott Pilgrim l’emportant sur toute autre considération…

On monte de quelques crans dans le délire avec Kaboom, qui voit Gregg Araki renouer avec l’inspiration déjantée qui était la sienne à l’époque de The Doom Generation. Le film a pour cadre un campus universitaire, où Smith, un étudiant en cinéma à l’activité sexuelle compulsive, se voit embarqué dans une aventure passablement barrée, où il est question d’individus portant des masques d’animaux, d’une secte underground préparant l’avènement d’un ordre nouveau, ou encore d’une sorcière psychopathe. On en passe, et des meilleures, pour une comédie ado détournée et sexy, culminant dans une apothéose soufflante, sans jamais se départir, au-delà de l’angoisse sourde qui s’en détache, de son intense drôlerie. Soit un trip halluciné et jouissif, conduit au son des Horrors ou de Yeah Yeah Yeahs, pour se terminer sur la route de nulle part, en pleine post-Teen Apocalypse…

JEAN-FRANÇOIS PLUIJGERS

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