CHRISTOPHER NOLAN EMBRASSE LE FUTUR DE L’HUMANITÉ DANS INTERSTELLAR, IMPRESSIONNANTE ÉPOPÉE GALACTIQUE INSPIRÉE DES THÉORIES DE L’ASTRO-PHYSICIEN KIP THORNE.

Interstellar

DE CHRISTOPHER NOLAN. AVEC MATTHEW MCCONAUGHEY, ANNE HATHAWAY, JESSICA CHASTAIN. 2 H 49. DIST: WARNER.

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Christopher Nolan a le don pour transformer en or à peu près tout ce qu’il touche -franchise DC Comics comme Batman ou thriller finaud et spectaculaire façon Inception. Il n’y avait donc pas de raison qu’il en aille autrement de Interstellar, aventure spatio-temporelle ayant pour ambition d’« imaginer ce que serait l’étape suivante de l’évolution humaine », pas moins.L’histoire débute dans un futur incertain, lorsque la Terre, déjà confrontée à la pénurie alimentaire, est en plus promise à un désastre environnemental (empruntant largement au Dust Bowl, qui avait frappé les Etats-Unis dans les années 30). Des circonstances accablantes dans lesquelles est mise sur pied dans le plus grand secret une expédition spatiale de la dernière chance, appelée à voyager dans l’espace-temps à travers un trou de ver, à la recherche d’une planète habitable dans une autre galaxie. Mission pour laquelle Cooper (Matthew McConaughey), le pilote chargé de mener un équipage de chercheurs à bon port, va devoir laisser sa famille derrière lui, et notamment sa fille, Murph, à qui l’unit un lien quasi-fusionnel…

Comme Kubrick avec 2001 ou Alfonso Cuaron avec Gravity, c’est à une expérience de cinéma total que convie ici le réalisateur, qui trouve dans le cosmos un terrain de jeu à sa mesure. Si la manière est désormais familière (on retrouve dans Interstellar des éléments, graphiques et labyrinthiques notamment, déjà en germe dans Inception), Nolan tire un parti maximum de l’immensité s’offrant à lui, pour signer un film impressionnant. Et marier avec bonheur action et apesanteur, grand spectacle et réflexion, rivant à tout coup le spectateur à l’écran, au gré d’une mécanique imparable supportant allègrement quelques longueurs. Soit, en dépit d’un certain sentimentalisme -manière d’étoffer l’élément humain de l’affaire-, de la SF de haut vol, mise en scène avec un sens aiguisé du tempo comme de l’espace, c’était bien le moins.

Le cinéaste n’ayant pas l’habitude de faire les choses à moitié, l’édition Blu-ray du film regorge par ailleurs de compléments passionnants. Le documentaire The Science of Interstellar revient ainsi en compagnie de Kip Thorne, Sean Carroll et autres sommités, sur les fondements scientifiques avérés de l’entreprise, le réalisateur s’étant engouffré avec bonheur dans les possibles désormais esquissés par la recherche. Quant au making of Inside Interstellar, il en épluche les différents aspects, des inspirations (du Koyaanisqatsi de Godfrey Reggio aux toiles d’Andrew Wyeth) au volet islandais du tournage, et l’on en passe, comme la conception des robots Tars et Case -que Nolan préfère appeler des « machines cohérentes »-, et jusqu’à celle du Tesseract, module spatio-temporel donnant la clé du film, et ouvrant sur un horizon infini…

JEAN-FRANÇOIS PLUIJGERS

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