Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

TOM BARMAN ET SES ACOLYTES SOIGNENT LEUR FIÈVRE SUR UN ALBUM QUI EMMÈNE LE JAZZ AUX FRONTIÈRES DU HIP HOP ET DU SPOKEN WORD.

TaxiWars

« Fever »

DISTRIBUÉ PAR UNIVERSAL.

7

Il y a quelques jours, après douze ans de bons, loyaux et rock’n’roll services, quatre albums (vraiment pas les meilleurs) et environ 400 concerts, Mauro Pawlowski annonçait son départ de dEUS. Une envie, un besoin même, pour l’ancien Evil Superstars de rompre avec un circuit pop qui lui allait finalement assez mal au teint. La bête, sa créature, Tom Barman lui-même lui fait des infidélités. Et ce en même temps qu’à l’univers trop formaté du rock. Un an à peine après le premier album de TaxiWars né de sa rencontre avec le saxophoniste Robin Verheyen, l’Anversois remet déjà le couvert, bleu, sur la table de tous les bons disquaires. Les trois premiers albums de dEUS mis à part, Barman n’a jamais semblé aussi excitant et excité qu’avec ce trio jazz complété par le bassiste Nicolas Thys (Toots Thielemans, Zap Mama) et le batteur Antoine Pierre (Philip Catherine), qui a remporté l’an dernier le Sabam Jazz Award dans la catégorie Jeune Talent.

« Je n’aurais jamais rejoint un groupe dans lequel Tom chanterait du classic jazz« , rigole Verheyen, installé depuis dix ans à New York où il a joué avec Marc Copland, Gary Peacock ou encore Ravi Coltrane. Ça tombe bien, dans TaxiWars, Barman ne chante pas. Enfin pas vraiment. Nerveux au volant, il déclame, rappe, bredouille, éructe. Emmenant le jazz sur les terrains accidentés du hip hop et du spoken word.

On l’entend sur disque comme on le voit à ses concerts. Ces nouveaux paysages qui lui permettent de sinuer entre Charles Mingus, Archie Shepp et Pharoah Sanders, semblent rendre au dEUS en chef la fièvre de ses 20 ans. Il y a dans Fever, le deuxième TaxiWars, nettement moins énervé que son prédécesseur, des ambiances aventureuses comme il en installait déjà sur les deux premiers dEUS, mais elles dessinent ici tout l’univers d’un quatuor à l’attitude quasi punk. Un punk pour le coup virtuose. Et un jazz qui s’accommode à l’une ou l’autre petite exception près d’un format court. Le grand Tom n’a plus rien fait d’aussi bien depuis The Ideal Crash et d’aussi intéressant depuis In a Bar, Under the Sea.

On a beau toujours se demander après écoutes répétées ce qu’on pense vraiment de Soliloque (Sans Issue), morceau en français qui lorgne dans le débit du côté de Serge Gainsbourg… Comme Dans Dans (l’échappée belle du Flying Horseman Bert Dockx, de Lyenn et du batteur de Dez Mona), Tom Barman et TaxiWars rendent en Belgique du souffle à un genre qui, dans l’histoire toute cyclique de la musique, est en train de reprendre un petit coup de jeune.

« Le jazz durera aussi longtemps que des gens écouteront cette musique avec leurs pieds au lieu de l’entendre avec les oreilles« , disait John Philip Sousa. Avec les deux, c’est encore mieux.

LE 25/10 À L’AERONEF (LILLE), LE 29/10 AU CENTRE CULTUREL D’EVERGEM, LE 9/11 À L’ENTREPÔT (ARLON), LE 11/11 À BOZAR, LE 12/11 AU MUZIEKODROOM (HASSELT), LE 13/11 À DE ZWERVER (LEFFINGE), LE 14/11 À HET BOS (ANVERS) ET LE 16/11 AU PALAIS DES BEAUX-ARTS DE CHARLEROI.

JULIEN BROQUET

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