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© ANNABEL MEHRAN

Wilco revient en grande forme avec son meilleur album depuis A Ghost Is Born

Dans le clip hilarant d’ Everyone Hides, deuxième single extrait de son nouvel album Ode to Joy, Jeff Tweedy joue à cache-cache avec les musiciens de Wilco qui partent se planquer derrière le comptoir d’un disquaire, sous le casque d’une coiffeuse ou encore dans les tours rondes qui servaient de pochette à leur disque Yankee Hotel Foxtrot (le complexe Marina City dans leur chère et tendre ville de Chicago). Depuis son chef-d’oeuvre A Ghost Is Born en 2004 et le formidable live Kicking Television qui lui avait emboîté le pas l’année suivante, on avait un peu perdu Tweedy et ses potes de vue. Le double album qu’il avait enregistré avec son fils ( Sukierae), les déclinaisons acoustiques de ses classiques ( Together at Last), ses albums solo et les derniers Wilco avaient un peu laissé sur sa faim.

Le cancer de sa femme, le départ de ses fils et le décès inattendu de son père… Comme ce fut le cas pour beaucoup, la vie n’a pas épargné le singer-songwriter ces dix dernières années. Mais clin d’oeil à L’Hymne à la joie, poème de Friedrich von Schiller, finale de la 9e symphonie de Beethoven devenu l’hymne officiel de l’Union européenne, Ode To Joy n’est pas un disque défaitiste et morose qui voit l’avenir en noir et a le moral dans les chaussettes. La direction autoritaire prise par la politique américaine a marqué Tweedy et influencé la batterie quasi militaire de Bright Leaves, titre d’ouverture de l’album. Mais plus ce disque avance, plus Wilco se fait optimiste, presque lumineux.

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 » I’m left with only my desire to change. »  » I can’t escape my domain« , chante Tweedy sur le paisible One and a Half Stars. Pas de révolution, pas de grands chambardements. L’auditeur plonge ici en terrain connu. Mais il explore de splendides univers sous-marins, leurs dangers et leurs beautés plus qu’il barbote dans l’eau chlorée de la piscine municipale. Écrit et produit par le patron, à nouveau enregistré dans son studio, Le Loft, dans la ville d’Al Capone et de Michael Jordan, Ode to Joy doit à nouveau beaucoup à la guitare de Nels Cline. Oubliés les Schmilco, les Star Wars. Les textures sont subtiles, les chansons plus marquantes. We Were Lucky et le formidable Quiet Amplifier renvoient au Wilco aventureux et à ses sonorités expérimentales. Celui qui gronde au loin derrière l’apparente douceur. Mais le ciel menaçant est-il sur le départ ou au contraire juste là au-dessus de nos têtes? Ode to Joy met en musique la lutte entre la peur, l’anxiété et le besoin irrépressible de croire en un avenir meilleur. La chaleur humaine de notre petit monde, de notre univers proche pour résister à ce qui inquiète, terrifie aux quatre coins de la planète. On vous laisse méditer.

Wilco

« Ode to Joy »

Distribué par Bertus.

8

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