Journal d’une femme noire

Voilà une voix qu’on aurait pu ne jamais découvrir. En 1975, Kathleen Collins envoie ses textes à Alice Walker, en charge de Ms. Magazine. Mais aucune publication n’a lieu. En 1982, elle persévère avec Losing Ground, un des premiers longs métrages réalisés par une Afro-Américaine. Mais le film (les fluctuations sentimentales d’une prof d’université) n’est alors pas projeté dans le circuit traditionnel. Malgré son opiniâtreté ( » Je ne sais pas être impuissante. Je ne sais pas comment ne pas faire en sorte que ça marche« ), ce n’est qu’en 2015 que jaillira une reconnaissance posthume.  » Au lieu de m’occuper de la race, je me suis lancée à la recherche de l’amour… et ce que j’ai trouvé était une femme de couleur à l’appétit débordant », écrit-elle dans son journal. Dans ce recueil hybride (textes de fiction, extraits de journal et de correspondance) cette phrase -tout comme la nouvelle Qu’avons-nous fait de l’amour mixte?- donne le ton. Celui d’une intellectuelle pour qui l’expérience de l’identité noire se vivra et se dira de façon parfois plus universaliste que chez certaines de ses consoeurs activistes. Celui d’une autrice que sa mort prématurée n’aura pas empêchée d’élargir audacieusement le champ des représentations.

De Kathleen Collins, éditions du Portrait, traduit de l’anglais (États-Unis) par Marguerite Capelle et Hélène Cohen, 144 pages.

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