ANDERS DE LA MOTTE PUBLIE DANS 27 PAYS, EN PLUS DE LA SUÈDE, SON PREMIER ROMAN, LE JEU. UN REDOUTABLE « PAGE TURNER » PROMIS AU SUCCÈS. UN AUTRE, OU UN DE PLUS?

LE JEU – NIVEAU 1

D’ANDERS DE LA MOTTE, ÉDITIONS FLEUVE NOIR, 423 PAGES.

***

Anders de la Motte, tout en sourire, confiance en soi, blondeur et t-shirt serré, aurait pu être garde du corps. Il n’est pas passé loin: d’abord « MP » à l’armée suédoise, il fut ensuite flic en uniforme avant de passer à la sécurité privée. Surveillance physique, caméras, enquêtes internes, gestion de cartes d’accès aux quatre coins du monde: de la Motte avait effectivement de quoi nourrir de bons thrillers. « Je pouvais être chez moi en Suède et ouvrir une porte en Afrique du Sud ou au Brésil. Avec les bons programmes et les bons codes d’accès, c’est très facile. Et puis j’avais cette idée, à force d’attendre dans des avions: quand tu décolles, tu ne peux rien faire, alors tu prends le premier truc qui te passe sous la main, les consignes de sécurité, un ticket de caisse, n’importe quoi. Je suis parti là-dessus: et si quelqu’un trouvait quelque chose d’incroyable? » Ce quelqu’un, ce sera Henrik, dit HP, petite frappe sans relief mais assoiffée de reconnaissance, qui va trouver sur le siège d’un train un téléphone. Sur celui-ci, un message: « Voulez-vous jouer? » Il va évidemment taper « oui« . Et avoir de gros soucis. Rencontre avec son bourreau.

Une nouvelle trilogie suédoise, des éditeurs qui y croient, un premier roman déjà vendu dans le monde… Ça fait beaucoup, non?

Ce premier livre devait à l’origine se suffire à lui-même. Mon seul défi, alors que l’écriture était alors un hobby, c’était d’être publié en Suède, juste une fois: j’avais déjà écrit deux manuscrits qui avaient été refusés. Mais je laissais dans Le Jeu, c’est vrai, beaucoup de questions en suspens. L’éditeur a donc insisté, et il a bien fait. Je viens de remettre mon quatrième roman, c’est mon métier désormais. Plus qu’un rêve. Et c’est maintenant que la pression commence!

Un rêve nourri, à vous lire, plus de cinéma américain que de polars scandinaves. On n’y retrouve pas ses codes habituels…

C’est vrai, c’est probablement inconscient, je n’ai par exemple pas surligné l’ancrage local, contrairement à beaucoup de romans suédois. Il n’y a pas de bande de flics qui mènent l’enquête. Et aucun commissaire alcoolique qui écoute de l’opéra (référence directe au commissaire Wallander de Mankell, ndlr). Mes références se situent plus dans le jeu vidéo, les films, les séries. Et je me rends compte qu’il n’y a pas beaucoup de nature non plus dans Le Jeu. Je ne suis vraiment pas suédois (rires)!

Votre thriller est par contre très contemporain: tout ou presque se joue à travers ce téléphone et les réseaux…

Oui, je voulais que tout ça soit très 2010: un téléphone, tu le trouves, tu l’utilises, c’est très facile. Et tu mets ta vie dessus. La motivation d’un personnage, tu ne la trouves plus dans l’argent, ou le sexe, mais la reconnaissance: HP va avancer dans l’histoire pour cette simple raison, pour avoir des « likes » sur son réseau! On en revient à l’âge de pierre lorsque l’on vivait tous dans des cavernes: quand vous êtes dans la caverne et près du feu, vous êtes OK, vous faites partie du groupe. Mais sortez de la caverne, et vous vous ferez bouffer par un tigre. On en est toujours là: quelqu’un qui réagit sur un de vos posts Facebook vous fait ressentir que vous êtes encore dans la caverne. On en devient de vraies junkies.

O.V.V.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content