L’AVENTURIER – LA QUADRILOGIE DE L’HOMME AU FOUET ET AU CHAPEAU MOU SE FAIT COFFRER POUR LA PREMIÈRE FOIS EN BLU-RAY. EN ROUTE POUR D’ANCIENNES AVENTURES!

DE STEVEN SPIELBERG. AVEC HARRISON FORD. 1981, 1984, 1989, 2008. COFFRET 5 BLU-RAY. DIST: PARAMOUNT.

Spielberg prétend qu’il n’a jamais lu Hergé quand il réalise, en 1981, Raiders of the Lost Ark. Pourtant, des artefacts chimériques aux bagarres pif paf pouf parsemant l’intrigue, en passant par les destinations exotiques que celle-ci appelle et jusqu’aux stéréotypes charriés sur la faune indigène: tout, dans cette première aventure de l’homme au fouet, évoque l’univers du reporter du Petit Vingtième -en un chouïa plus violent et sexué. L’explication est simple: lorsque le réalisateur de Jaws entreprend ce premier épisode, scénarisé par Lawrence Kasdan sur une idée de George Lucas, il se souvient de L’homme de Rio de Philippe de Broca… lui-même largement inspiré des albums de Tintin. La boucle est bouclée. Et le sera d’autant plus quand, 30 ans plus tard, Spielberg signera Le Secret de la Licorne.

Porté par un souffle pas loin d’être épique, le film, situant son action en 1936, confronte Indiana Jones, éminent professeur d’archéologie, à des nazis assoiffés de pouvoir dans une quête échevelée -celle de l’Arche d’alliance- aux accents fantastiques. Soit du cinéma d’aventure et d’action enlevé recyclant les ingrédients des vieux serials tout en posant les bases d’une mythologie en devenir.

Sorti trois ans plus tard, The Temple of Doom est en fait un prequel -il se déroule en 1935. Plongeant dans les entrailles glauques d’un temple indien, ce deuxième épisode, sans doute le plus sombre mais aussi le plus décomplexé, frise, déjà, la caricature. Il s’avère en tout cas le plus riche en gesticulations misogynes, galéjades ethnocentrées et autres giclées d’hémoglobine, cervelle de singe givrée en option.

Troisième volet de la saga, The Last Crusade (1989) en est aussi peut-être le meilleur, qui invente une jeunesse à son héros tout en lui assignant un père. Ce dernier emprunte les traits de Sean Connery, ex-figure de proue d’une franchise, les James Bond donc, que Spielberg a toujours rêvé d’investir… avant de se tourner vers les Indiana Jones. A nouveau, la boucle se boucle. Le film, situé en 1938, lance père et fils sur la piste du Saint Graal, gage d’une jeunesse éternelle, pour un cocktail savamment dosé de mystère et d’aventure, qui vaudra à Indy cette réplique définitive:  » Nazis! I hate these guys.  »

Réalisé quelque 19 ans plus tard, The Crystal Skull évolue, quant à lui, à la fin des années 50, sous la menace communiste, et suit la trace du légendaire El Dorado. Spielberg se fendant ici d’un melting-pot moyennement inspiré de toutes ses marottes, obsession extra-terrestre comprise, qui ne renoue hélas jamais avec le parfum typiquement eighties dégagé par la trilogie originelle, mais a le mérite de montrer qu’à défaut de mourir, les héros vieillissent aussi.

Coup de fouet

Si The Temple of Doom et The Last Crusade ont les faveurs d’une version remastérisée, Raiders of the Lost Ark fait carrément l’objet d’une restauration image par image. De quoi redonner à cette aventure initiale un joli… coup de fouet. Logiquement, ce premier épisode se taille la part du lion d’un ensemble de suppléments pantagruélique -sept heures de bonus-, avec pas moins de trois making of, dont un d’époque et un autre garni de nouveaux matériaux -le troisième s’avérant, pour le coup, quelque peu superfétatoire. On y découvre un Spielberg, casquette Star Wars vissée sur la tête, à l’enthousiasme hautement contagieux, au gré d’une avalanche de scènes coupées, interviews de plateau, anecdotes et autres cocasseries d’époque (comme cet essai de Tom Selleck, un temps pressenti en Indiana Jones). A quoi l’on ajoutera un making of pour chacun des trois autres films de la saga, ainsi qu’une plongée par thématiques dans les coulisses de celle-ci. Une somme.

NICOLAS CLÉMENT

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