Thriller de Christopher Nolan. Avec Leonardo Di Caprio, Ellen Page, Joseph Gordon-Levitt. 2 h 28.

On le sait depuis Following, son premier long métrage, mais plus encore depuis Memento, le film qui le révéla voici tout juste 10 ans: Christopher Nolan est un adepte des polars tortueux, à quoi il ajoute une évidente fascination pour les mécanismes de la mémoire. Nouvelle démonstration, aujourd’hui, avec Inception; thriller de haut vol qui voit le réalisateur britannique le plus prisé de Hollywood -l’homme derrière le succès des 2 derniers Batman, pas moins- jongler avec ses obsessions en même temps qu’il plonge le spectateur dans les méandres d’une vertigineuse intrigue à tiroirs.

Inception s’appuie sur un concept gonflé. On y découvre Cobb (Leonardo Di Caprio), maître en espionnage industriel, spécialisé dans l’extraction des secrets les plus précieux dans l’inconscient même de ses victimes, qu’il infiltre à partir de leurs rêves. L’homme est respecté autant que recherché; vient l’heure de l’ultime mission, la plus délicate d’entre toutes, puisque, pour solde de tout compte, il y sera question non pas de dérober une idée, mais bien d’en implanter une dans l’esprit de l’héritier d’un empire industriel, l’invitant, à la faveur de son sommeil, à le démanteler. Un rêve de crime, en somme, pour lequel Cobb s’encadre d’une équipe de choix: Arthur, l’organisateur (Joseph Gordon-Levitt), Ariane, l’architecte de rêves (Ellen Page), Eames, le faussaire (Tom Hardy), et quelques autres encore, amenés à flirter dangereusement avec les limbes.

Voilà pour le point de départ d’un thriller à tiroirs, qui enchâsse les niveaux de perception avec maestria, en même temps qu’il balade le spectateur de rêve en rêve dans le rêve avec une confondante fluidité, et sans, du reste, jamais perdre le cap. S’il y a là matière hautement stimulante, Nolan ne se borne pas, pour autant, à signer un voyage mental aussi passionnant que labyrinthique. Il livre aussi un film d’action virtuose, se jouant du temps comme des lois de la physique, non sans multiplier les scènes d’anthologie.

Rêve de film, à vrai dire, servi encore par une interprétation sous tension, et une musique -Hans Zimmer!- ne l’étant guère moins. Si Inception évoque inévitablement James Bond, ne serait-ce que par son éclatement géographique au service de l’intrigue, on pense non moins sûrement, devant sa mécanique imparable, à La mort aux trousses, chef-d’£uvre de Hitchcock et modèle de film à grand spectacle non dénué de complexité. C’est dire si l’on tient là le blockbuster américain de l’été, et bien plus encore… l

Jean-François Pluijgers

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content