Philippe Cornet
Philippe Cornet Journaliste musique

LA NUIT DU CHASSEUR – QUAND IAN HUNTER, EX-MOTT THE HOOPLE, SE RETROUVE À LA TÉLÉ ALLEMANDE EN 1980 AVEC MICK RONSON, L’IDÉE DE ROCK’N’ROLL SEVENTIES TRANSCENDE LE MOMENT.

CD ET DVD « LIVE AT ROCKPALAST »

DISTRIBUÉ PAR SUBURBAN.

Certes, la captation de Rockpalast n’est pas exaltante, l’image vidéo vieillie a peu d’élégance et Hunter flirte ci et là avec le hard FM pour amateurs ébahis de Bon Jovi ( We Gotta Get Out Of Here) ou synthés de la honte ( Bastard). Et puis il y a ce Band qui sent le recrutement de petits squales de studio new-yorkais, brushing moumouté et veste en faux ornithorynque. Une partie de ces handicaps se résout si l’on opte pour le CD plutôt que pour le DVD, mais ce dernier porte la marque poseuse d’Hunter et de son magistral second, le guitariste Mick Ronson. Les 2 se rencontrent au début des années 70 via Bowie qui sauve du naufrage Mott The Hoople -emmené par Ian- en lui offrant All The Young Dudes, tube majeur de l’été 1972 . Ronson sert de yin au yang Bowie entre 1970 et 1973, période qui voit la future star mondiale passer du statut de laborantin arty au postulat intergalactique de Ziggy Stardust. Ronson, qui rejoint Mott The Hoople fin 1974 quelques semaines avant l’implosion du groupe, refera un peu la même tentative de route vers la gloire avec Ian en solo, mais sans le même écho critique ou la cinglante réussite populaire de Bowie.

Irene Wilde

On imagine que cette mise en contexte historique s’efface instantanément devant le seul résultat musical: 13 morceaux au choix, justement, discutable. On sent bien que Ian fait plaisir à son copain Mick en lui laissant la conclusion du concert via Slaughter On 10th Avenue. Ronson y place un sidérant instantané de post-blues et, tout à coup, ce panache-là ramène au meilleur du rock anglais, si talentueux dans l’arrogance. Parce qu’Hunter, même en omettant ici quelques-unes de ses meilleures chansons solos ( Letter To Brittania From The Union Jack, You Nearly Did Me In) retrouve des brillances absolues. Celles écrites avec Mott ( I Wish I Was Your Mother, Angeline, All The Way From Memphis) ramènent l’atome émotionnel qui les rendait essentielles alors, entre glam sentimental et rock’n’roll poisseux. C’est sur une ballade lente et mélancolique qu’Hunter donne sa plus belle performance, visiblement autobiographique: Irene Wilde. Paru en 1976 sur son meilleur album solo ( All American Alien Boy), le titre raconte un coup de foudre adolescent envers cette Irene trop  » wild » pour son prétendant. Hunter, voix de Dylan optimiste, n’a jamais aussi bien chanté pareille mélodie crevée, renvoyant immanquablement à nos propres histoires d’amour plus ou moins fusillées. Né en 1939 (…), Ian est toujours là pour tourner -en Angleterre en mars- alors que Ronson, si fondamentalement juste sur Irene Wilde et ailleurs , est mort en 1993 d’un cancer. Il avait 46 ans. Ce Live At Rockpalast est une belle occasion de le (re)découvrir.

PHILIPPE CORNET

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