LES UNS SONT PARTIS ENREGISTRER À NEW YORK AVEC JON SPENCER. LES AUTRES ONT BOSSÉ À LOS ANGELES AVEC ALAIN JOHANNES. EN CETTE FIN D’ANNÉE, L’EXPERIMENTAL TROPIC BLUES BAND ET LES BLACK BOX REVELATION SORTENT TOUS 2 UN 3E ALBUM MADE IN USA. EXPÉRIENCES COMPARÉES.

Les premières fois

Black Box Revelation. Jan Paternoster:  » J’ai découvert les States quand je suis parti y mixer et masteriser notre premier album, Set Your Head On Fire . C’était à Los Angeles avec Greg Gordon (Wolfmother, Jet, Soulwax). Notre producteur, Mario Goossens de Triggerfinger, cherchait un type qui puisse améliorer notre son et il a pensé à lui. C’était dans un ancien studio de Michael Jackson. Plein de miroirs.  »

ETBB. Dirty Coq:  » Pour nous, la découverte des Etats-Unis, c’était Austin. South by Southwest 2010. La grosse claque. En même temps, je me suis pris en pleine face cette culture qui fait flipper sa race. La plupart des jeunes semblent sortis de MTV. Suffit de les entendre parler dans la rue. Je trouve plein d’Américains stupides. Too much. Fake. Ils ont cette « amazing »attitude qui me pompe. C’est du foutage de gueule.  »

Les producteurs

Black Box Revelation. Jan Paternoster:  » Les Eagles of death metal dont on a assuré plusieurs premières parties nous ont mis en contact avec Alain Johannes. On l’a rencontré en Allemagne pour s’assurer que ça marcherait entre nous mais nous ne le connaissions pas vraiment avant d’entrer dans son studio. On lui a juste demandé s’il voulait produire notre album. Alain est un super chouette type. Il est à la fois cool et organisé.  »

ETBB:  » Jon Spencer, c’est le premier truc qu’on a écouté ensemble et qui nous a secoués. Ça remonte àExtra Width et àOrange au début des années 90. On a joué pour la première fois avec lui à Liège, à l’occasion d’un concert d’Heavy Trash. C’était ultra froid. On l’a approché quand il est venu jouer aux Ardentes en 2010. Puis, on lui a envoyé une démo. Jon n’a pas la mentalité fric. Il est dans l’artistique. Mais faut y aller. Faut donner. Faut bosser. Faut être un winner. Faut être un Américain. Il te tire vers le haut et c’est là tout l’intérêt d’avoir bossé avec lui. Il n’a pas produit des tonnes de trucs. A part ses propres disques. Un groupe chilien, un autre français. Puis un morceau pour Eros Ramazzotti. Taxi Story . Il en a même joué pratiquement tous les instruments.  »

Les studios

Black Box Revelation. Jan Paternoster:  » Il y avait des disques d’or partout. Des disques d’or des Queens of the stone age, de Soundgarden, de No Doubt… Alain essaie de les cacher mais il en a tellement que c’est impossible. Le studio est chez lui, une chouette bicoque sur Beverly Boulevard. West Hollywood. Un quartier plein de maisons de riches. En même temps, quand nous faisions une pause, des mecs débarquaient et nous demandaient si nous étions le groupe qu’ils entendaient parce qu’ils aimaient vraiment ce qu’on faisait. On pouvait tout entendre en passant devant la maison. Heureusement, ils trouvaient ça sympa et ils ne nous ont pas envoyé les flics.  »

ETBB. Dirty Coq:  » Jon pouvait venir bosser en Europe ou nous partir à New York. On a fait le bon choix. Vivre et bosser comme un musicos new-yorkais pendant 15 jours, ça n’a pas de prix. C’est ça la vraie expérience. Se lever le matin. Prendre le métro. Aller au boulot. Rentrer le soir crevé. Manger un burger. Fumer un joint. Et aller se coucher. C’est comme être un musicos liégeois mais à New York.  »

ETBB. Devil D’Inferno:  » Quand nous avons vu le studio (le N.Y. HED de Matt Verta-Ray, ndlr) que nous ne connaissions pas évidemment, nous nous sommes tout de suite sentis à l’aise. C’est une cave. Une seule pièce. Toute petite. Avec une drôle d’atmosphère. Pour y accéder, on devait déjà passer derrière un atelier d’ébénisterie. C’était à la fois cool et magique. On ne va pas trop parler de fric mais le prix d’un studio bien équipé est moins élevé aux Etats-Unis que chez nous.  »

Les enregistrements

Black Box Revelation. Jan Paternoster:  » On était un peu nerveux de partir à Los Angeles pour enregistrer notre disque. Parce que quand tu es à la maison, tu as tout ton matos à disposition. Tu sais que tu as ton son avec toi. Mais là, nous n’avions embarqué que l’essentiel. Il a donc fallu dans un premier temps trouver quels instruments utiliser. Alain avait une tonne de trucs dans sa maison. Des vieux pianos complètement dingues, des instruments asiatiques. Certaines des guitares qu’on utilise ont servi à Josh Homme avec les Queens of the stone age. On a passé 6 semaines en studio en janvier et février 2010. Alain était très occupé. Quand il ne bossait pas avec nous, il travaillait sur une B.O. avec Chris Cornell (Soundgarden). On enregistrait quand on le sentait. D’autres jours, on se contentait de jammer. Il a osé ne pas trop nous polir. Le son est naturel. Pur et en même temps plein de vibes. Toutes les chansons ont été enregistrées en une prise. On sent le côté live du disque. On avait la batterie installée dans une pièce et la guitare dans une autre. Sa chambre. Pleine de miroirs elle aussi.  »

ETBB. Devil D’Inferno et Boogie Snake:  » Nous n’aurions jamais pu utiliser en Belgique le matos auquel on a eu accès dans le studio de Matt Verta-Ray. Des trucs hallucinants, super vieux. Des amplis improbables. Comme ce bazar promo Marlboro. Un transistor merdique mais qui en jette une fois poussé dans le rouge. Nous n’aurions pas non plus eu de tels musiciens sur notre disque. Liquid Love est américain dans son approche, dans la manière dont il a été fait mais les accents de francophone sont toujours là. Jon nous a poussés à nous dévoiler. Les journées, c’était du 9-18. Et comme on n’avait pas tout écrit à l’avance, on travaillait sur les textes le soir. Un peu pétés. Le premier morceau du disque, The Best Burger , parle du côté publicitaire partout, tout le temps. Best burger, best beef, best truc, best machin… Tu montes bêtement dans l’avion et tu tombes déjà sur des pubs pour la chirurgie esthétique. Je trouve ça complètement incroyable.  »

ETBB. Dirty Coq:  » Généralement, on chantait le matin. Pour moi qui ne sais pas vraiment parler anglais, c’était un peu comme sauter dans l’eau sans savoir nager. T’as le mec avec la perche qui te dit saute, vas-y saute. J’ai été voir Matt Verta-Ray un jour et je lui ai demandé ce qu’il pensait de ce que je venais d’écrire. Il m’a dit: « Fonce, c’est de la poésie.  » Il m’appelait The Scream Man. En même temps, Matt et Jon ont respecté la dynamique du groupe. Jean-Jacques (le Boogie Snake) est plus lisse. Moi plus dégueulasse. Même visuellement. Le son de Tropic, on le voit.  »

Les séjours

Black Box Revelation:  » On n’a pas dormi chez Alain parce que sa mère était là mais on a pieuté dans un hôtel pas loin. On bossait 6 jours par semaine et le 7e, on la bouclait pour laisser Alain souffler et le quartier se reposer. On a été voir un match des Lakers. On a été à un show secret des Foo Fighters dans un petit club de 300 personnes. C’était d’autant plus génial qu’on a eu l’opportunité de rencontrer Dave Grohl. On a aussi eu l’occasion de faire la connaissance de Mark Lanegan. »

ETBB. Boogie Snake et Dirty Coq:  » Le deuxième ou le troisième jour, on a passé une soirée incroyable au Liquid Love qui a terminé en photo sur notre pochette et donné son titre au disque. On s’est fait attirer par un mec très très louche. Il portait un bracelet. Ça devait être un prisonnier… On s’est retrouvé tout seul dans ce bar et puis les Blacks ont commencé à affluer. On était les seuls Blancs de la boîte. Le patron nous a offert des coups. Il nous a peut-être pris pour Puff Daddy. Enfin bref, cette pochette, elle représente notre aventure américaine.  »

Les plans de carrière

Black Box Revelation:  » On voulait un deal aux Etats-Unis et on s’est dit qu’en enregistrant en Californie, on aurait plus de chance d’en conclure un. On pouvait inviter des représentants à venir nous voir travailler. En plus, ils aiment savoir que tu collabores avec un Américain. A fortiori si c’est Alain Johannes. Hollywood Records et quelques autres sont passés jeter une oreille. On a donné quelques showcases. Au Viper Room notamment. Le label qui nous a signés nous a vus à Austin pendant South by Southwest. C’est un label encore jeune. Il ne défend que 3 ou 4 groupes. Mais il appartient à Jack Ponti et David Letterman. Signer aux Etats-Unis est une étape importante parce que ce n’est vraiment pas évident pour des Européens. On a une boîte de management là-bas. Nous allons attendre un peu pour la sortie de manière à ce qu’on puisse jouer et se faire connaître à travers le pays. On a aussi sorti un EP sur CD et vinyle (en 3 couleurs différentes) avec 2 chansons de chaque album pour nous introduire au public américain. Et en novembre, nous avons 30 concerts en 32 jours. On essaye de créer un petit buzz avant la sortie américaine prévue pour début 2012.  »

ETBB. Dirty Coq et Boogie Snake:  » On est dans la mauvaise partie de la Belgique. Tous les groupes belges internationaux sont flamands. Il n’y a pas un Wallon. Nous, on commence toujours par se tourner vers la France. Les Flamands eux tapent direct dans l’anglo-saxon. Il y a des connexions. Une machine qui se met en route. C’est pas évident de débarquer aux Etats-Unis et de quand même intéresser les gens. T’as déjà des difficultés rien que pour rentrer sur le territoire. T’as vite l’impression de ramer dans le vide. Puis, t’as des tas de groupes comme Thee Oh Sees, les Black Lips… Je me demande comment ça se passe pour eux dans leur propre pays. Ça doit être la galère. Enfin, nous allons continuer de démarcher. Lors de notre récent voyage en Amérique du nord, nous avons rencontré des mecs qui veulent nous faire tourner, sortir notre album en digital au Canada. C’est un bon début. On pourra toujours le vendre en import dans sa version vinyle.  »

LIRE LES CRITIQUES DES 2 DISQUES EN PAGE 35.

RENDEZ-VOUS SUR WWW.FOCUSVIF.BE POUR DÉCOUVRIR LE JOURNAL VIDÉO DU TROPIC BLUES BAND À NEW YORK.

RENCONTRE JULIEN BROQUET

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content