EN SLOW MOTION, SUPERHOT LIE L’ÉCOULEMENT DU TEMPS ET LES DÉPLACEMENTS DE SES BAD GUYS AUX PAS DU JOUEUR. UN FPS INNOVANT AUX AIRS DE CRASH TEST PERMANENT.

Superhot

ÉDITÉ ET DÉVELOPPÉ PAR SUPERHOT TEAM, ÂGE: 12+, DISPONIBLE SUR PC ET XBOX ONE.

8

C’est en Pologne que le centre de gravité du jeu vidéo européen a basculé ces dernières années. Loin d’être guidées par des études de marché, les productions futées aux ressorts ludiques novateurs s’y sont ainsi multipliées. Superhot complète désormais cette ludothèque venue de l’Est. Mais contrairement à Shadow Warrior, Dying Lights, Witcher 3 et This War of Mine, ce jeu de tir vu à la première personne est le fruit d’une nouvelle génération de développeurs. La créativité de ces derniers n’a pas été modelée par les privations du communisme, mais leur titre indé en slow motion n’en demeure pas moins furieusement inventif. Pas de doute: la relève est donc assurée. Jouant à la fois sur le temps et l’espace, Superhot réinvente la grammaire des First Person Shooters avec autant de force que Portal en 2007. Pas de portique métaphysique ici, mais bien une action qui se déroule en permanence au ralenti. Chaque fait et geste du gamer contrôle littéralement la vitesse des événements en cours. En clair, avancer d’un pas fera également progresser les actions des adversaires (qui se ruent constamment sur le joueur). Cette mécanique qui hisse le bullet time des Max Payne à un niveau insoupçonné danse donc entre les balles qui sifflent. Matrixes-tu là?

Eloge de la lenteur

Les très brèves missions aux airs de nanars 80’s de Superhot demandent simplement de flinguer tous les ennemis en place. Mais la production au budget modeste multiplie les subtilités tactiques jubilatoires. Regarder autour de soi « use » ainsi moins de temps qu’avancer d’un pas. Le paramètre est vital lorsque, coincé dans une cage d’ascenseur, on tente d’esquiver trois bad guys armés. Seconde variable essentielle à la survie: le temps de chargement des armes à feu crispe sérieusement les missions. Se déplacer millimètre après millimètre et prier pour que le clic salvateur de la recharge résonne compte parmi les routines stressantes du jeu. Face à deux adversaires et avec une simple pétoire en mains, tirer sur le premier puis jeter son arme à la figure du second est d’ailleurs la seule issue envisageable. Balancer d’autres objets comme des cendriers et autres extincteurs sur des ennemis pour les désarmer et récupérer leur flingue en plein vol figure aussi parmi les plaisirs simples du jeu. Multipliant les fusillades de l’impossible dans des open spaces et autres quais de gare, Superhot ne creuse malheureusement pas sa géniale idée de base en profondeur. Son « hotswitching », qui permet de se glisser dans la peau d’un adversaire, ne vole pas non plus très haut. Ce qui n’empêche pas le titre polonais de fasciner. Un peu court sur pattes et plutôt inégal dans sa courbe de difficulté, le « die and retry » invoque en effet avec un talent fou l’esprit de l’informatique des années 80: propos expérimental et mystique sur la réalité virtuelle, propension à abattre le quatrième mur notamment via un (faux) plantage sous Windows, ou influences graphiques entre ASCII Art et Killer7. Difficile de rester… super glacé.

MICHI-HIRO TAMAÏ

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content