QUATRE ANS APRÈSATONEMENT, QUI LUI A VALU UNE NOMINATION AUX OSCARS, SAOIRSE RONAN, 17 ANS, RETROUVE LE RÉALISATEUR JOE WRIGHT POUR HANNA, FILM D’ACTION STYLISÉ AUX RELENTS DE NIKITA.

Elle arrive dans l’indifférence presque générale. Avec un bonjour franc et souriant mais que personne n’entend. Ses parents se sont déjà installés. Le père, affable, a un look de footballeur irlandais qui joue en Premier League. Elle, toute simple et naturelle, sorte de Chloë Sevigny en plus jeune et sauvage, est à mille lieues de l’enfant gâtée hollywoodienne. Plutôt du genre girl next door. En drôle, malicieuse et bien élevée. On comprend tout de suite ce que voulait dire Peter Jackson à la sortie du passable Lovely Bones que Saoirse Ronan a porté, des limbes, sur ses frêles épaules:  » Beaucoup d’adolescentes sont venues aux auditions en se comportant déjà comme des stars de cinéma. On cherchait tout le contraire et on a choisi Saoirse. Une gamine intelligente, rafraîchissante et authentique qui a un instinct naturel pour le drame.  »

A l’époque, elle a pourtant déjà dit  » maman » à Michelle Pfeiffer ( I Could never be your woman) et Catherine Zeta-Jones ( Au-delà de l’illusion). Puis surtout étincelé dans Atonement, drame familial qui lui fait découvrir l’Angleterre de l’entre-deux-guerres. Elle retrouve aujourd’hui son réalisateur Joe Wright aux commandes d’ Hanna, film d’action léché mais vide dans lequel elle campe une jeune fille élevée à la dure, loin du monde et des hommes, par un père ex-agent de la CIA.  » Avant le tournage, j’ai passé 2 mois et demi à m’entraîner, raconte, enthousiaste, la jeune fille. A Los Angeles, puis chez moi en Irlande. J’ai eu la chance de travailler avec Jeff Imada qui a bossé sur tous les Jason Bourne et collabore avec Dan Anderson, formé par l’un des disciples de Bruce Lee. »

Née à New York le 12 avril 1994, Saoirse (liberté en gaélique) ne grandit pas dans un appart impayable de Manhattan. Au contraire, elle passe les 3 premières années de sa vie dans le Bronx. Ses parents, qui ont quitté l’Irlande barman et nounou pour embrasser le rêve américain, sont loin de se moucher dans les dollars. Et quand sa mère l’emmène au Toys « R » Us, le supermarché du jouet, c’est moins pour faire chauffer la carte de crédit que pour tuer le temps.

Quand, après avoir rencontré un vieil Irlandais dans le pub où il travaille, Paul Ronan décide de se lancer dans le cinéma, il se met à trimbaler sa fille sur les plateaux. Il la prend avec lui sur le tournage d’ Ennemis rapprochés (The Devil’s own) où elle rencontre Brad Pitt. Ce dont, elle l’avoue, elle n’a pas le moindre souvenir. Et, de retour en Irlande, alors qu’il a du mal à faire son trou, il essaie de la caser sur l’un ou l’autre projet. De 2003 à 2005, à peine âgée de 10 ans, Saoirse multiplie ainsi les apparitions dans 2 séries télévisées irlandaises, Proof et The Clinic, sorte d’ Urgences au pays de la Guinness.

 » J’ai vraiment compris que je voulais devenir actrice en jouant dans Atonement , confie l’adolescente. J’avais seulement 12 ans. Et j’ai eu l’occasion d’incarner ce personnage incroyable. Très très éloigné de moi. Avec des partenaires (James McAvoy, Keira Knightley, ndlr) formidables.  »

Si sa prestation glaçante fait d’elle la onzième plus jeune actrice à avoir concouru pour un Oscar, Saoirse reste encore assez méconnue du grand public.  » A moins que je fasse des grands signes à côté d’une affiche ou d’une photo de moi, on ne me reconnaît pas dans la rue. Et ça me va très bien comme ça« , insiste en rigolant celle qui tournera bientôt un film de vampires, Byzantium, avec son compatriote Neil Jordan.

 » Je me sens plus mature que les gens de mon âge. Je suis constamment entourée d’adultes et j’ai plus sillonné le monde que la plupart des garçons et des filles qui terminent l’école. Mais je me considère encore et toujours comme une adolescente.  »

Une ado qui, quand on lui demande ce qu’elle regarde et lit, parle de biographies, d’un bouquin sur Warhol et évoque son inscription à l’Académie des Oscars.  » Elle m’envoie des tas de screeners. Ces derniers temps, j’ai beaucoup aiméBlack Swan , Inception , The Fighter .  » Pas étonnant venant d’une fille qui rêve d’une carrière à la Cate Blanchett.  » Elle a bien choisi, tourné dans d’excellents films. J’adore aussi une Catherine Keener ( Being John Malkovich, Capote, ndlr) . Peut-être pas une star immense du cinéma comme Angelina Jolie mais une grande actrice qui a souvent eu le nez fin.  » On en connaît une qui a tous les atouts en main pour emprunter le même chemin. l

RENCONTRE JULIEN BROQUET, À LONDRES

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