Nurten Aka
Nurten Aka Journaliste scènes

Le Groupe (bruxellois) TOC -Théâtre Obsessionnel en Chantier- est de retour avec Come to me come tout le monde de « leur » auteure Marie Henry. Un théâtre expérimental qui varie au gré des créations. Cette fois, Cali Kroonen se « colle » à sa première mise en scène. Le texte est un faux conte où les héros se débarrassent de leur rôle. Ainsi Come To me (héros parfait) entend le désespoir de Celle qui attend toujours (la belle dormante) et accourt la libérer de sa mère de fer. Point barre. « Dans Come to me , prévient Kali Kroonen, on a l’impression qu’on va donner une morale, avec les gentils et les méchants. Or on va déployer des êtres qui veulent être eux-mêmes. Chez Marie Henry, tout est fragmenté et le dialogue n’est jamais un dialogue. Au TOC, texte, son, jeu des comédiens, ne sont que des matériaux à « contaminer » avec le risque assumé d’égarer le spectateur, de jouer des codes. Le spectacle est donc proche d’une partition musicale et corporelle, rythmée par une série de tops. » En effet, Marie Henry écrit une « musique graphique » où le sens est dans l’atmosphère. Ses titres ( La Fontaine au sacrifice -Les 24 h de Tina Pools à la recherche de son bonheur – Moi, Michèle Mercier, 52 ans morte -Lucienne love à coups de couteau suisse… ) ont tous en commun une sortie de solitude, une quête (cruelle) de soi. Une belle écriture en puzzle boostée par le traitement du TOC.  » On a lu le texte une fois, puis on est monté sur le plateau, poursuit Kali Kroonen . Expliquer Come to me (l’histoire d’une pauvre fille qui attend qu’on la sauve et qui se rend compte finalement qu’elle doit se sauver par elle-même) devient vite lourd et pathétique. Et ça ne dit rien. Le texte est un matériau à jouer, comme une ponctuation rigoureuse et ludique où il n’y pas de place (et de volonté) pour « incarner » des personnages. D’où le fait qu’un soir, par exemple, le comédien peut décider de crier une réplique ou de la murmurer, ça dépend de l’instant de la représentation, de l’inter-jeu avec les autres comédiens. On travaille la forme plus que le propos, sur intuition. C’est un théâtre physique, concret… Même si les textes de Marie Henry ont un propos (la solitude des êtres aujourd’hui). » Résultat, un théâtre inventif et frais avec -entre autres- un vivier d’excellents interprètes…

Du 12 au 20 novembre à l’ Atelier 210, Bruxelles.

www.atelier210.be

Les textes de Marie Henry sont publiés aux éditions Lansman. www.lansman.be

Nurten Aka

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