LA VIE AVEC LA MORT – CLINT EASTWOOD SIGNE UN DRAME SENSIBLE, S’AVENTURANT À LA LISIÈRE DE L’AU-DELÀ, POUR MIEUX EXPLORER LES LIENS ENTRE LES INDIVIDUS. AVEC CÉCILE DE FRANCE.

DE CLINT EASTWOOD. AVEC MATT DAMON, CÉCILE DE FRANCE, THIERRY NEUVIC. 2 H 08. SORTIE: 19/01.

S’il n’a certes plus rien à prouver, Clint Eastwood n’en continue pas moins, à 80 ans bien sonnés, à tourner comme si sa vie en dépendait, maintenant un rythme de production annuel. De vie, et de mort, c’est d’ailleurs ce dont il est question dans Hereafter, qui voit le réalisateur de Mystic River s’aventurer en terrain inconnu, dans cette zone tampon qui constitue la lisière de l’au-delà. Adoptant une construction mécanique, le film suit 3 personnages que le voisinage de la mort a profondément bouleversés. Soit, par ordre d’apparition à l’écran, Marie (Cécile de France), une journaliste française revenue miraculeusement à la vie après qu’un tsunami a ravagé sa villégiature du sud-est asiatique, George (Matt Damon), un médium de San Francisco refusant d’exercer un don qu’il perçoit comme une malédiction, et enfin Marcus (George et Frankie McLaren), gamin londonien que la disparition tragique de son frère jumeau a laissé complètement désemparé. Autant de destins hantés et concentrant des interrogations fondamentales, pour une série de trajectoires que le scénario va s’employer à faire converger.

Supranaturel à la mode Eastwood

C’est peu dire que l’on n’attendait guère Eastwood en semblable terrain, encore que la mort n’en finisse plus de visiter sa filmographie, dans des déclinaisons plus classiques cependant. Mais si Hereafter jongle avec le supranaturel, c’est avec une neutralité dont le réalisateur a le secret. Le résultat tisse un drame humain sensible n’ayant de fantastique que la surface. Plus qu’avec l’au-delà, c’est en effet de connexion entre les individus qu’il est ici question. Un thème que Eastwood brasse à sa main, avec sa sobriété et sa fluidité coutumières, adoptant un profil bas seyant opportunément au sujet et désamorçant, ce faisant, tout risque de dérapage.

Le soupçon de mièvrerie étant, pour sa part, compensé par un souci constant de ne pas en remettre, voilà un film dispensant un charme curieux autant qu’une chaleur diffuse. Tout au plus si l’on regrettera un scénario par trop prévisible et d’un intérêt inégal, mais aussi, plus fondamentalement, une articulation quelque peu plan-plan, comme si, pressé d’en finir, Clint Eastwood avait confondu vitesse et précipitation, simplicité et facilité.

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JEAN-FRANÇOIS PLUIJGERS

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