Gypsy King – Peaky Blinders (saison 5)

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La quatrième saison s’était terminée dans un épilogue en forme de happy end pour Thomas Shelby (Cillian Murphy) et les siens: le chef du gang de Birmingham avait hissé sa famille de la boue de la cité industrielle aux ors de Westminster (où il est élu député travailliste) et aux parquets cirés de son manoir des West Midlands. De sombre bookmaker aux méthodes retorses et violentes, il s’était mué en chef de clan et d’entreprise faisant de l’ombre aux puissants, s’ouvrant le marché de l’alcool et les banques aux États-Unis, se rachetant une façade d’homme du peuple. Ce faisant, il a perdu des êtres chers, ordonné des assassinats, fomenté des coups, dompté son frère aîné Arthur (Paul Anderson), sa tante Polly (Helen McCrory) et défait ses pires ennemis. Jusqu’au 29 octobre 1929. Ce mardi noir, la famille Shelby perd sa fortune dans le krach boursier, la faute au cousin Michael (Finn Cole) qui, aux États-Unis d’où il gère les affaires, s’est perdu dans la poudre et les yeux XXL de Gina (Anya Taylor-Joy). Dans l’ombre, la bête immonde prépare son avènement, en la personne de Sir Oswald Mosley, adorateur du fascisme naissant, dont il entend créer la branche britannique avec l’aide de Thomas. De cette alliance contre nature, les Shelby étant des gitans et Arthur rêvant de casser du fasciste pour étouffer la douleur de sa séparation, Thomas pense pouvoir tirer profit afin d’assurer à la fois la survie des affaires familiales et l’annihilation de la menace brune. Las, rien ne se passe comme prévu. Et le gang des Billy Boys d’Écosse lui déclare la guerre dans une synchronicité qui ne laisse planer aucun doute: Thomas a perdu son mojo.

Durant une bonne partie de la saison, il est malaisé de le voir aveugle à l’évidence. D’attendre, épisode après épisode, que le désastre prévisible laisse place à une victoire au cordeau. Quand on sent qu’elle ne viendra pas. Une fatigue de scénariste? Une saison de trop à vouloir pénétrer la psyché complexe et autodestructrice de personnages qui ne changeront jamais, ne trouveront jamais le chemin de la rédemption? « J’ai peut-être trouvé l’adversaire que je ne peux pas battre », dit Thomas de Mosley, qui semble toujours avoir deux coups d’avance. Les similitudes entre le discours de ce dernier et les accents populistes autour du Brexit d’une frange du monde « civilisé » sont flagrants. Et si finalement, Thomas Shelby n’était que le reflet de nos modèles économiques et politiques incapables d’éliminer un fascisme dont ils partagent la part d’ombre, les méthodes, la froideur, et qui se hisse sur le dos de leur sidération? Un parti pris scénaristique héroïque, salutaire, mais périlleux ( lire aussi l’interview d’Anna Calvi).

Série créée par Steven Knight. Avec Cillian Murphy, HElen McCrory, Paul Anderson.

7

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