Grand Theft Louisiane

MAFIA III PLONGE DANS L’AMÉRIQUE MOUVEMENTÉE DE LA FIN DES ANNÉES 60. L’OPEN WORLD OSE PARLER DE RACISME MAIS EN OUBLIE SON GAMEPLAY.

Mafia III

ÉDITÉ PAR 2K GAMES ET DÉVELOPPÉ PAR HANGAR 13, ÂGE: 18+, DISPONIBLE SUR PLAYSTATION 4 (VERSION CHRONIQUÉE), PC ET XBOX 360.

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Du changement de sexe de Dys4ia aux civils en temps de guerre de This War of Mine, le jeu vidéo gagne en maturité ces dernières années. Mafia III a beau se dérouler dans une ville fictive de Louisiane, il se sent quand même obligé de se dédouaner de son racisme ambiant, via un avertissement en début de partie. Le gouffre qui sépare le gaming du cinéma reste donc énorme. Quand se comblera-t-il? La question résonne. D’autant que Lincoln Clay, héros métis de cet open world,traverse une fascinante épopée qui voit l’enthousiasme des golden sixties se faire la malle.

Un prêtre pas forcément réglo, un mafioso flambeur et une reine haïtienne du vaudou: une foule de profils secondaires gravitent autour de Lincoln. De retour du Viêtnam, ce dernier assiste au massacre de son gang, trahi par la « famille«  locale. Cette histoire de vengeance et de conquête du crime à New Bordeaux -une version condensée et fantasmée de La Nouvelle-Orléans gueule comme un Mardi gras. Des flash-back d’un agent fédéral qui a saisi l’ampleur du trafic se glissent et certains protagonistes vieillissent sur plusieurs années.

Orchestré par un ancien scénariste de Lucas-Arts, Mafia III pue donc le racisme primaire, omniprésent. Notamment lorsqu’une cliente d’un hôtel de luxe serre son sac à main en croisant le joueur. Traversé d’une bande originale très bien balancée qui convoque Aretha Franklin, The Animals, Hendrix, Otis Redding et les autres, le monde ouvert d’Hangar 13 peine toutefois à dresser son gameplay et sa technique.

Black micmac

Le nouveau studio a beau partager le même éditeur que celui de Grand Theft Auto, Mafia III se courbe comme un « monde ouvert » générique. On déchante. La gestion de l’éclairage vacille. En plein jour, la ville subit parfois un improbable time lapse. Manette en mains, ce jeu vu à la troisième personne oscille entre exploration urbaine, pilotage et phases de tir générique. Ce GTA du pauvre tente bien de se distinguer de son modèle via des missions où le gamer peut se la jouer furtif. Mais par manque de finition, les situations rocambolesques s’accumulent.

Se planquer derrière une caisse et siffler un coup pour attirer un adversaire que l’on étranglera par surprise est intéressant. Mais le tour de passe-passe peut être utilisé à l’infini. Quitte à éliminer (presque) tout un gang accroupi. La production multiplie d’ailleurs jusqu’à l’écoeurement les missions où il s’agit d’éliminer un chef de gang entouré de sbires à l’IA défaillante. Pis, dans certains chapitres, en courant, on atteint facilement les boss pour leur mettre une balle dans la tête.

Certes, un chapelet d’activités crible la carte de New Bordeaux. Mafia III pousse à bien conduire au volant: même s’il n’y pas de flic, écraser un piéton peut se solder par le coup de fil d’un témoin aux forces de l’ordre. Au joueur de le faire taire. A moins qu’il ne se laisse arrêter. Pour attendre tranquillement, à l’ombre, le prochain Grand Theft Auto.

MICHI-HIRO TAMAÏ

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