Gorillaz

« Humanz »

Distribué par EMI/Warner.

7

Plus encore que ses deux prédécesseurs, l’album Plastic Beach avait montré en 2010 que Gorillaz n’était pas qu’une distraction. Lancé une décennie plus tôt, le cartoon band était autant une manière pour Damon Albarn de s’échapper de Blur, alors à la dérive, qu’un commentaire sarcastique sur l’état de la pop music, gangrenée notamment par les boys band artificiels de l’époque. Avec Plastic Beach, Albarn et son camarade Jamie Hewlett montraient cependant qu’ils étaient prêts à faire de Gorillaz une entité en soi. Y compris pour servir de véhicule à de préoccupations plus larges (écologiques dans ce cas-ci). Paradoxalement, c’est pourtant aussi à ce moment-là que le projet a failli capoter. Hewlett abandonnant le navire, Albarn ne donnait pas cher de la peau de Gorillaz. Finalement rabiboché, le duo n’a pas mis longtemps avant de ranimer la bête. L’actualité a fait le reste. Voyant Trump monter dans les sondages, Albarn a donné pour consigne à ses invités d’imaginer le scénario du pire: à quoi ressemblerait cette fameuse nuit, où tout bascule? Et de concevoir ainsi une sorte de disque « dance politique ». Façon Gorillaz évidemment. Plus que jamais, les participants se bousculent au portillon -de Grace Jones au rappeur Vince Staples, de Mavis Staples aux habitués De La Soul. Au risque de perdre le fil? Malgré le casting à rallonge, Gorillaz continue de sonner comme nul autre, avec cette manière assez unique de pratiquer la pop de biais. C’est sa force. Et, aussi par moments, sa limite. Sans que cela ne remette jamais vraiment en cause la pertinence du projet. Après tout, dans une époque où certains faits deviennent « alternatifs », un groupe virtuel comme Gorillaz a plus que jamais sa place…

L.H.

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