Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

SÉRIE GÉNÉRATIONNELLE AU POSSIBLE, GIRLS REVIENT POUR UNE DEUXIÈME SAISON AUSSI CHAOTIQUE QUE LA VIE DE SON HÉROÏNE. PETITE DÉCEPTION.

Girls – saison 2

UNE SÉRIE HBO CRÉÉE PAR LENA DUNHAM. AVEC LENA DUNHAM, JEMIMA KIRKE, ALLISON WILLIAMS. 10 ÉPISODES. DIST: WARNER.

7

Lena Dunham a 27 ans, un film et deux saisons de Girls à son actif. Aussi précoce que surdouée, la petite protégée de Judd Apatow poursuit sa route, entre fulgurances et baisses de régime. Si la première saison de Girls crevait l’écran par sa finesse et son originalité, la suite des aventures d’Hannah Horvath peine à maintenir le niveau. Tout en demeurant largement supérieure à d’autres essais du genre. Explications.

En avril 2012, Girls débarque sur HBO, davantage portée par l’aura de son producteur exécutif, Judd Apatow, que par celle de sa créatrice. Malgré la présence au générique du pape de la nouvelle comédie américaine, le pari est osé: le nom de Lena Dunham, créatrice et actrice principale de la série, ne résonne alors qu’aux oreilles d’une brochette d’happy few marqués par Tiny Furniture, le premier long métrage de la demoiselle. Dans la première scène du pilote, son personnage d’Hannah Horvath confiait à ses parents, bien décidés à la couper du confort matériel dans lequel ils lui permettaient d’évoluer, qu’elle pourrait bien être « la voix de sa génération. Ou au moins une voix. D’une génération. » Probablement aussi premier que second degré, cette réplique marquait le départ d’une saison savoureuse, dans laquelle quatre New-Yorkaises aux personnalités et parcours fort différents dissertaient, au gré de situations finement observées et/ou cocasses, sur leur (la) vie et sur la pression de la réussite.

Directement aussi, Lena Dunham instaurait un ton, un point de vue: celui d’une jeune femme absolument étrangère aux canons de beauté imposés par le star-system. Dodue, mal fagotée, pas spécialement belle, Dunham exposait à l’envi son corps dénudé, sans glamour ni complexe, proposant une réflexion on ne peut plus actuelle sur la féminité. Une posture si pas exhibitionniste, du moins très naturelle, qu’elle va approfondir encore dans cette deuxième saison. Une deuxième saison plus éclatée, plus décousue, dans laquelle Dunham efface pour un bon moment l’imprévisible Adam (épatant Adam Driver), soit, paradoxalement, l’un des personnages masculins les plus marquants de ces dernières années. Envie de recentrer l’attention sur le propos initial de Girls? C’est possible. Dans ces dix nouveaux épisodes, Hannah multiplie les aventures créatives et sexuelles, dispersant un récit qui perd en cohérence et en intérêt ce qu’il gagne en surprise. De plus en plus névrosée, Hannah se perd autant qu’elle nous perd. Par moments du moins, les quelques scènes et dialogues brillants sortis de la plume de Lena Dunham valant toujours, au bas mot, 800 Gossip Girl. Notons qu’en bonus, la créatrice de la série, bien plus soignée à la ville qu’en fiction, converse avec les garçons de Girls. Sans grand intérêt…

GUY VERSTRAETEN

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content