French Exit

Frances Price, femme fortunée de 65 ans, occupe une maison cossue de l’Upper East Side en compagnie de son fils Malcolm, phénomène négligé et mélancolique de 32 ans. Frances acquiert des maisons dans des villes qu’elle n’a nullement l’intention de visiter, fait des dons faramineux à des organismes caritatifs dont elle ignore les missions, bref, les dépenses de Madame sont pathologiques. On raconte encore que cette beauté drôle et farouche a perdu l’esprit et croit désormais que son chat, Small Frank, est la réincarnation de son défunt époux. « Je vais vous confier un secret: je suis plus que bizarre. J’ai très envie au fond de moi de mettre le feu à cet appartement en m’enfermant avec mon fils à l’intérieur. Qu’est-ce que vous en dites? » Tandis que la liquidation les pousse vers l’infortune, le duo embarque pour Paris… Où les frasques imprévues continuent d’aller bon train. Surtout connu chez nous pour Les Frères Sisters, western burlesque porté à l’écran par Jacques Audiard, Patrick deWitt cultive une élégance biscornue du meilleur aloi. Chez le Canadien établi à Portland, Oregon, flotte un art du décalage relevé d’une pointe d’ironie. On y trouve toujours place pour une voyante peu farouche, un détective privé timide, une veuve esseulée, quand on ne tombe pas nez à nez avec un godemiché oublié dans le bac à glace. Parmi d’autres cocktails iconoclastes et savoureux, cette satire frappée « de la haute » est servie on the rocks. « L’amour semblait diabolique parfois, et la nature humaine, ce besoin d’atteindre l’inaccessible, tellement banale. » Rafraîchissant!

De Patrick deWitt, éditions Actes Sud, traduit de l’anglais (états-unis) par Emmanuelle et Philippe Aronson, 272 pages.

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