1963

Comme nombre de ses contemporains (Jonathan Demme, Joe Dante, et d’autres encore, non moins prestigieux), Francis Ford Coppola fait ses classes auprès de Roger Corman, figure culte du cinéma indépendant américain, et champion incontesté des tournages éclairs comme des films fauchés. Officiant généralement comme réalisateur de deuxième équipe, il signe aussi Dementia 13, film d’épouvante (plus intriguant qu’effrayant) tissant une curieuse histoire de famille, déjà, dans un château irlandais hanté…

1972

Après le fort estimable The Rain People, et divers scénarios dont celui de Patton, Coppola est engagé pour tourner The Godfather, adaptation du best-seller de Mario Puzo. Plongée au c£ur de la mafia new-yorkaise, la saga de la famille Corleone est un triomphe artistique, critique et public. Coppola lui donnera une suite -supérieure encore à l’original- et même une troisième déclinaison: Le Parrain, s’il a consacré son génie, et fait de lui l’un des maîtres incontestés du Nouvel Hollywood, a aussi réclamé son écot…

1974

Fort du triomphe du Parrain, Coppola met en chantier une £uvre beaucoup plus personnelle, à l’écriture de laquelle il travaillait depuis 1968. Autour d’un « écouteur » clandestin -Gene Hackman, extraordinaire-, le réalisateur signe un film qui combine les dimensions documentaire, psychologique et même métaphysique. Soit un authentique chef-d’£uvre – Conversation secrète est peut-être son plus grand film, tout simplement- qui, sorti en pleine affaire du Watergate, lui vaut la Palme d’or à Cannes, en 1974.

1979

Après The Godfather II, Coppola est au faîte de son succès, et de sa gloire. Les circonstances sont donc propices pour se lancer dans son projet le plus ambitieux -l’adaptation de Heart of Darkness de Joseph Conrad, transposé au Vietnam. Le résultat, ce sera Apocalypse Now, nouvelle Palme d’or, et film de guerre définitif dont l’exceptionnelle réussite traduit aussi la folie et la démesure -30 ans plus tard, en version redux ou non, il ne laisse pas d’impressionner, à l’image de Brando, inoubliable Kurtz.

1984

Loin les extravagances d’ Apocalypse Now et de son tournage interminable aux Philippines, Coppola enchaîne, au c£ur des années 80, des £uvres plus modestes, mais pas moins essentielles pour autant. Parmi celles-là, Rumble Fish qui, sur un canevas classique -un adolescent idolâtre son frère aîné dans un contexte de rivalité de gangs-, trouve les accords visuels et narratifs saisissants d’une fugue en noir et blanc. Après quoi le réalisateur opère un retour à la démesure pour The Cotton Club, un flop retentissant.

1989

L’histoire de Preston Tucker, ingénieur visionnaire et inventeur d’une voiture révolutionnaire, qui, dans l’Amérique des années 40, se heurtera au consortium des géants de l’automobile de Detroit. Magistralement incarné par Jeff Bridges, qui trouve là l’un de ses meilleurs rôles, Tucker vibre aussi d’une émotion toute particulière. Sans doute parce que le destin du constructeur automobile de génie est la métaphore, à peine déguisée, du combat de Francis Coppola au sein de l’industrie hollywoodienne.

1996

Un film de commande à l’image d’une décennie à oublier au plus vite: si The Godfather III lui a permis de garder la tête hors de l’eau et reste une belle réussite, le cinéaste navigue de projets avortés ( Pinocchio, Megalopolis) en films hasardeux, signant encore une adaptation intéressante du Dracula de Bram Stoker, une autre, beaucoup plus quelconque, de John Grisham ( The Rainmaker) -on est loin, assurément, de l’inspiration qui avait prévalu aux chefs-d’£uvre des années 70.

2009

Remis à flots par ses vignobles (sic!), Coppola, qui a entre-temps produit les films de sa fille, Sofia, tourne le dos aux méga projets façon Megalopolis, et renoue avec le cinéma indépendant. Si Youth Without Youth n’est que moyennement abouti, Tetro, resté inexplicablement inédit sur nos écrans, témoigne d’une inspiration retrouvée: dans le noir et blanc de Buenos Aires, le réalisateur y décline, au départ de la relation chahutée entre 2 frères, une histoire de famille comme aux plus beaux jours de Rumble Fish

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