Marilyn Monroe, Éditions du Seuil, 272 pages.

Accumulés par la star au fil des ans, et laissés à sa mort, en 1962, à Lee Strasberg, ces Fragments, composés de poèmes, écrits intimes et autres lettres, dévoilent, près de 50 ans plus tard, une autre Marilyn Monroe, ouvrant sur « le revers de la blonde radieuse », suivant l’expression des éditeurs. Au gré des pages d’un ouvrage à la présentation léchée, et dont la maquette fait judicieusement figurer les textes originaux, manuscrits ou dactylographiés, en regard de leur traduction, c’est une forme de carnet de bord qui se dévide, où Marilyn se révèle à la fois désarmante de sincérité et d’une profondeur trop souvent occultée par le mythe complaisamment entretenu de la blonde ingénue -comme exposée aussi film après film, à sa vive frustration d’ailleurs.

S’ils traduisent à l’occasion un profond désarroi – « Oh comme j’aimerais être morte – absolument non existante – partie loin d’ici – de partout mais comment le ferais-je »-, écrit-elle dans un poème non daté-, les textes rassemblés ici témoignent encore d’une Marilyn cultivée et curieuse, en quête de vérité. Ils composent aussi un portrait éclaté de la jeune femme, où la lucidité – « Comme vous le savez, je lutte depuis des années pour trouver une sorte de stabilité émotionnelle sans y bien parvenir », écrit-elle à Strasberg en décembre 1961- côtoie les élans désespérés – « A l’aide à l’aide A l’aide Je sens la vie qui se rapproche alors que tout ce que je veux c’est mourir », hurle-t-elle dans un poème-; où les remontées d’enfance ( « Plus jamais une petite fille seule et terrorisée ») cèdent le pas à des démonstrations d’enthousiasme -comme lorsqu’elle remercie Lee Strasberg, toujours, de lui avoir appris que « 2 et 2 ne font pas forcément 4 », ou qu’elle lui fait part de sa volonté de lancer avec Marlon Brando sa propre maison de production.

Etonnant à maints égards -en ce compris son côté hétéroclite, une liste de courses pouvant par exemple apparaître au détour d’une page-, cet ouvrage précieux réussit, à l’abri de toute tentation racoleuse, à nous faire partager l’intimité de Marilyn, si loin et si proche à la fois. Un must.

J.F. PL.

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