Distribué par CLD, édité par Rising Star Games Limited et développé par tri-Crescendo, âge 7+, disponible sur Nintendo Wii.

Baignant dans un spleen magnifique boursouflé d’une romance délicate contée à la manière d’un Sho-Jo ou d’un Shônen, Fragile Dreams: Farewell Ruins of the Moon compte parmi ces rares titres du portfolio de la Wii à s’adresser aux kids pré-ados. Les sarcasmes des hardcore gamers plus âgés arpentant pour la première fois ce survival horror précieux n’y changeront rien. Le titre des développeurs d’Eternal Sonata déploie un univers post-apocalyptique dont l’omniprésence de la mort contraste avec l’éveil aux sentiments de Soto, son jeune héros.

L’enterrement flouté et solaire d’un vieil homme, compagnon sans nom de longue date du protagoniste ouvre Fragile Dreams avec une élégance rare. Le parti pris édulcoré et déprimé de tri-Crescendo se dessine immédiatement. On glisse ici sur une vague de jeux vidéo qui comme Another Code ou Kingdom Hearts déroule des personnalités incertaines, torturées et confrontées à des situations extraordinaires. Soit les ruines d’un monde décrépi qu’il faudra parcourir dans un premier temps pour rejoindre une mystérieuse tour rouge.

Non violent et tout en pastels, Fragile Dreams multiplie dès les premières heures de jeu des idées originales mais gâchées. La prise en mains du héros vu à la troisième personne passe ainsi par le mini joy-stick du Nunchuck de la Wii qui sert aux déplacements tandis que la télécommande Wii permet de pointer une lampe torche à la manière de Ju On, également édité chez Rising Star. Simple hasard? Las! Cette ergonomie a priori idéale pour la Wii débouche sur une maniabilité saccadée, aux angles de caméra énervants. La suite est prévisible. Les zooms de la gâchette pour trouver des indices, objets ou mécanismes activables via le bouton A et les combats beat them all manquent de précision et de convivialité. Une indigence désespérante, aggravée par un level design linéaire déroulant des kilomètres de corridors vides.

D’autres idées comme l’emploi du haut-parleur de la Wiimote, utilisé pour détecter des indices ou des ennemis à proximité, séduisent. Certains items dénichés dévoilent d’ailleurs tout en flash-back le monde passé, soulignant l’abandon du présent à une mélancolie pesante. Fallout 3 et ses décors hyper narratifs ne sont pas loin. Vaguement inspiré des RPG, Fragile Dreams en reprend quelques gimmicks, du leveling up de la barre de santé ou de la force du héros (qui s’accroit au fil des combats) à la gestion de l’inventaire uniquement accessible lors de haltes à des feux de camps. Une succession de choix de game design discutables donc. Mais qu’on se le dise, Fragile Dreams se jouera d’abord pour son univers glacé comateux et son esthétique attachante plus que pour ses ressorts ludiques.

Michi-Hiro Tamaï

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