FORCÉMENT BAS DU FRONT, CE SEPTIÈME ÉPISODE DE LA FRANCHISE OUTRANCIÈREMENT SPEEDÉE A EXPLOSÉ TOUS LES RECORDS DE FRÉQUENTATION. TENTATIVE D’EXPLICATION.

Fast & Furious 7

DE JAMES WAN. AVEC VIN DIESEL, PAUL WALKER, JASON STATHAM. 2 H 20. DIST: UNIVERSAL.

5

Du Faster, Pussycat! Kill! Kill! de Russ Meyer (1965) au Crash de David Cronenberg (1996), on connaît l’intense pouvoir de fétichisation, voire d’érotisation, exercé par le cinéma sur les bolides, rutilants ou fracassés, de la route, machines à fantasmes puissants réconciliant l’Eros et le Thanatos dans un vertige de vitesse. Plus récemment encore, un corpus de films musclés et gavés de testostérone n’a pas hésité à carrément donner dans la pornographie automobile. C’est le cas, au hasard, du Gone in 60 Seconds avec Nicolas Cage (2000) ou du Need for Speed de Scott Waugh (2014). C’est le cas bien sûr aussi de la saga Fast & Furious.

Dès 2001, avec ses femelles vulgaires et ses mâles frondeurs, ses engins pimpés comme des travs brésiliens et ses cascades kama-sutresques, ses carambolages partouzeurs et ses explosions orgasmiques, le premier épisode de la franchise, fièrement baptisé The Fast & The Furious, s’imposait en Marc Dorcel définitif de la voiture, lubrifiant graisseux inclus. Tuné façon jeu vidéo, le film recycle éhontément le scénar du Point Break de Kathryn Bigelow (1991) dans le milieu vroum-vroum de la bagnole, soit l’histoire vieille comme le monde du gendarme et du voleur -sauf qu’à la fin, c’est le voleur qui gagne. Le tout arrosé d’une espèce de street credibility badass. Mais aussi d’un drôle d’humour potache -« You want time, buy the magazine. We don’t have time. » Aussi improbable qu’explosif, le cocktail fait alors un carton, réconciliant à la fois amateurs de grosses cylindrées, fans d’action ultraspectaculaire et clients rigolards d’imbécilités résolument over the top.

Chute libre

Quasiment quinze ans plus tard, Fast & Furious 7 a tout d’un Mission impossible gonflé aux amphétamines -voir la séquence de hacking à Abu Dhabi- et en remet joyeusement quelques couches. La surenchère totale de la scène d’ouverture donne ainsi d’emblée le ton: le réalisme et la crédibilité peuvent définitivement aller se faire voir ailleurs. L’interprétation est à l’avenant -quand Vin Diesel donne la réplique à Dwayne « The Rock » Johnson, c’est Lee Strasberg qu’on assassine-, la suite des aventures aussi qui, entre deux shoots d’adrénaline bombastic mâtinés de kung-fu, voit des bolides sauter d’un immeuble à l’autre -normal…- quand ils ne font pas carrément de la chute libre -ben tiens… L’ensemble culminant, en dépit de toute cohérence scénaristique, dans un pur hommage à Paul Walker, playboy star de la franchise ironiquement fracassé dans un accident de voiture au beau milieu du tournage. Tragique fait divers contribuant à conférer au film une aura un poil particulière, et sans doute pas totalement étrangère à son succès retentissant: aux dernières nouvelles, Fast & Furious 7 est toujours le cinquième plus gros succès du box-office mondial de tous les temps!

NICOLAS CLÉMENT

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