Forever Young

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Neil Young dévoile avec 45 ans de retard l’album qui devait suivre On The Beach et a été enregistré avant Zuma. Home not so sweet home.

En 1975, à Los Angeles, Neil Young organise une fête dans le bungalow du Château Marmont où John Belushi décédera sept ans plus tard. Il a invité les musiciens de son groupe Crazy Horse et quelques membres de The Band revenus de leur tournée avec Bob Dylan. Le Canadien qui a sorti quelques mois plus tôt l’exceptionnel On The Beach veut leur faire écouter son nouvel album: Homegrown. À l’époque, il vient de rompre avec l’actrice Carrie Snodgress ( Furie de Brian De Palma, Pale Rider de Clint Eastwood…). La mère de son premier enfant, Zeke, atteint d’infirmité cérébrale. Pendant que leur relation s’étiolait, bouffée par les infidélités, Neil avait mis en chansons sa vulnérabilité, ses doutes et son insécurité.

Ce soir-là, un peu dans les vapes, Neil laisse les bandes tourner et la petite assistance (ils sont une dizaine) écoute pour se marrer un disque plus rock qu’il a enregistré en 1973 sous l’influence de la came et de l’alcool. Le Canadien change ses plans. Il publiera Tonight’s The Night et Homegrown, qui avait pourtant déjà sa pochette, patientera cruellement dans ses archives pendant 45 ans.  » En les écoutant l’un à la suite de l’autre lors de cette fête, j’avais commencé à en voir les faiblesses« , déclarait Young à Cameron Crowe, le réalisateur d’ Almost Famous à l’époque journaliste pour le magazine Rolling Stone.  » C’était juste trop déprimé. La face sombre d’Harvest . C’était trop personnel. Ça m’effrayait. »

Forever Young

Cicatrisé

Au fil des années, comme tous les albums perdus du Loner, les morceaux d’ Homegrown se sont infiltrés dans sa discographie. La chanson titre, célébration du jardinage de marijuana à la maison, et Star of Bethlehem étaient apparus dès 1977 sur le décousu American Stars ‘n Bars. Love is A Rose s’était frayé un chemin sur la compilation Decade. White Line dans une version alternative sur Ragged Glory

Des douze chansons d’ Homegrown, sept tout de même étaient restées jusqu’ici « officiellement » inédites. Même si elles avaient quasiment toutes été jouées sur scène. Le temps a fait son oeuvre. Les plaies se sont cicatrisées. On ne le rangera pas au panthéon de la plantureuse offre Neil Youngienne mais ce vieux nouvel album de plus de 40 piges enregistré quand il était à son sommet, fait voyager dans le temps. Censé être présenté au public pour le Record Store Day en avril, l’album perdu est, selon le Canadien, le chaînon manquant entre Harvest, Comes A Time, Old Ways et Harvest Moon. C’est une collection de chansons d’amour – » des grandes chansons sans lesquelles je peux vivre« , avait-il jadis décrit à son père, dans lesquelles il essaie d’accepter la séparation ( Separate Ways), plaide pour une seconde chance ( Try)… Un disque qui, à la guitare comme au piano ou à l’harmonica, brille surtout dans son dépouillement.

Neil Young

« Homegrown »

FOLK ROCK Distribué par Warner.

7

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