Myriam Leroy
Myriam Leroy Journaliste, chroniqueuse, écrivain

UN BRUXELLOIS RESSUSCITE L’ESPRIT DES HÉROS DES ENFANTS DES ANNÉES 80 AVEC UN MOYEN MÉTRAGE DESTINÉ À DEVENIR UNE SÉRIE TÉLÉVISÉE. UNE SACRÉE MADELEINE DE PROUST.

« Dans les archives de nos c£urs dorment les victoires de nos héros. Rallumons la flamme« , insiste le trailer de SaturdayMan.

Nos héros? Ceux des gamins des années 80, des ados des 90’s, enfants de la télé, ex-fans de Dorothée et de Bernard Minet, nostalgiques des dessins animés et des séries japonaises en toc, amoureux de la déesse Athéna. Le Bruxellois Samuel Buisseret, graphiste de cinéma, propose avec SaturdayMan une madeleine de Proust à l’incroyable pouvoir évocateur, respectant à la lettre tous les codes du sentai -on ne rigole pas avec les splendeurs de l’enfance. C’est-à-dire: effets spéciaux cheap, répétitivité, ridicule assumé, exaltation de valeurs positives…

La fièvre du samedi soir

Entre l’hommage et le pastiche, ce film de 29 minutes (projeté fin septembre à Bruxelles en avant-première, avant de tourner ailleurs, notamment à la Japan Expo des 3 et 4 novembre et de sortir en DVD), qui constitue en fait le pilote d’une série à venir, raconte l’histoire d’un super-héros surgi du samedi soir. Un surhomme qui a pour mission de sauver les soirées pourries par le Grand Méchant Sommeil. Pour accomplir ce noble destin, il n’est pas seul: les quatre forces de la nuit l’accompagnent -Force Dance, Force Drunk, Force Joke et Force Sex.

On n’est pas loin de la  » Force Jaune devant, marron derrière » des Inconnus, sans toutefois jamais verser dans la moquerie: ce film-là, il a été fait avec amour de son sujet. Et beaucoup de dévotion, à défaut de moyens (quoi qu’il a pu compter sur l’une ou l’autre donation). En témoignent ces capsules making of, postées sur YouTube avec un certain succès, où l’on apprend notamment que le doublage (ben ouais, un sentai n’est crédible que s’il est post-produit au niveau de la voix) a été assuré par des stars du genre: le type qui faisait Sangoku adulte dans Dragon Ball, la dame qui assurait sa voix d’enfant et surtout Vincent Ropion, la version française de Nicky Larson. De quoi mettre les fans en ébullition.

Une demi-douzaine de vidéos se baladent ainsi sur le Net depuis quelques années (le projet a mis un petit temps à se concrétiser -dix ans), expliquant la genèse de l’idée, et les coulisses de sa mise en branle. On sait d’où elle vient -d’une farce entre copains, d’un faux générique de dessin animé que l’auteur (Buisseret, donc) a demandé il y a dix ans à Bernard Minet d’interpréter, d’un refus de ce dernier alors que les costumes étaient déjà fabriqués, et de l’opportunité, un jour, de réaliser carrément un épisode avec cette ébauche de matériel.

On ne sait en revanche pas exactement où va l’idée. Logique, pour un ovni. Le dossier de presse indique:  » Le plus important à retenir est peut-être le fait qu’aujourd’hui, tout le monde a le droit de faire du cinéma! » Sauf que dans ce cas-ci, le n’importe qui a énormément de talent.

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MYRIAM LEROY

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