Ferenczi et moi

« Le plus étonnant avec les éditions Ferenczi, c’est l’oubli dans lequel elles sont tombées. » Débarqué de Hongrie en 1879, Joseph Fischer a 24 ans lorsqu’il arrive à Paris. C’est un fonceur: d’abord commis dans une librairie, il crée bientôt sa propre maison d’édition, avec une idée géniale qui tient dans son petit format.  » Les Hongrois sont petits. Les Juifs sont petits. Les petites gens sont « petites ». (…) soyons petits jusqu’au bout, que diable! La messe était dite. Le livre de poche était né. » Après avoir versé dans les gauloiseries, Ferenczi prend le tournant du roman populaire et des collections. Avec ses séries de genre, la maison transforme le roman-feuilleton en industrie à l’attention des masses, préfigurant le kiosque à la Netflix. Reste la grande affaire de Joseph: devenir français.  » Ni la nationalité, ni la langue, ni le travail, (…) ni même le boeuf bourguignon n’ont réussi à la rendre français aux yeux de ses compatriotes. » Le racisme et l’antisémitisme sont partout dans la littérature, il en souffrira toute sa vie. Au pas de charge, Lionel Lecoeur rend un hommage bien troussé à une « petite » maison qui batailla avec les plus grandes (Fayard, Grasset et consorts). Pour les mordus du livre, une saga familiale érudite ou les coulisses d’une épopée entrepreneuriale tenant dans la poche.

De Lionel Lecoeur, éditions Le Dilettante, 192 pages.

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