Critique

[Critique ciné] Faute d’amour (Loveless), conte noir de Zviaguintsev

Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

DRAME | Le cinquième long métrage d’Andreï Zviaguintsev, Prix du jury lors du dernier festival de Cannes, un film s’avançant en un territoire où l’humanité ne serait plus que résiduelle…

[Critique ciné] Faute d'amour (Loveless), conte noir de Zviaguintsev

Cinquième long métrage d’Andreï Zviaguintsev, Faute d’amour se déploie dans un cadre désormais familier, cette Russie dont l’auteur de Leviathan ne cesse d’observer, film après film, la délitescence morale. C’est là l’histoire, banale en apparence, et sous influence bergmanienne, d’un couple en instance de divorce, Boris (Alexei Rozin, déjà de Elena et Leviathan) et Genia (Mariana Spivak), passant le plus clair de leur temps à s’écharper en attendant la vente de leur appartement. Un jeu de massacre faisant une victime collatérale en la personne d’Aliocha, leur fils de douze ans (Matveï Novikov), souffrant en silence sans que ni l’un ni l’autre n’y prêtent la moindre attention, trop occupés sans doute à se projeter dans un avenir présumé radieux dont leur rejeton ne fait à l’évidence pas partie -lui, auprès de sa compagne enceinte; elle aux côtés d’un homme aisé disposé à l’épouser. Jusqu’au jour où le gamin disparaît, les recherches s’organisant alors en dépit de l’indifférence policière…

Une cohérence glaciale préside à la filmographie d’Andreï Zviaguintsev, et il y a une parenté manifeste entre Faute d’amour et Elena, dont ce nouveau film prolongerait la réflexion en quelque conte moral d’un noir d’encre. Soit le portrait affolant d’une Russie contemporaine en passe de déshumanisation accélérée, le chacun pour soi et l’absence d’amour, déclinée sur tous les tons, n’y souffrant que de rares exceptions, guère assorties d’effets encore bien. Et un constat désespéré livré à la manière méthodique et implacable de l’auteur qui, s’il force parfois le trait, n’en signe pas moins un film brillant (et un peu trop conscient de l’être), porté encore par la durée des plans, et l’exceptionnelle photographie du chef-opérateur Mikhaïl Kritchman, collaborateur de toujours du cinéaste, figeant ce drame suffocant dans la beauté définitive de l’hiver…

D’Andreï Zviaguintsev. Avec Mariana Spivak, Alexei Rozin, Matveï Novikov. 2h07. Sortie: 20/09. ****

>>Lire également notre interview d’Andreï Zviaguintsev.

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